mardi 14 avril 2009

Le sens de la vie

Encore une interview réalisée pour le prochain congrès afforthecc qui entre en résonance avec les thèmes de ce blog. Aujourd'hui mon ami Frédéric Fanget.
Dans ton dernier livre Où vas-tu? tu t’attaques au sens de la vie…

Pour ne rien te cacher, Benjamin, je n’ai pas osé si facilement m’attaquer à ce thème. Effectivement, j’ai eu une période de doute, considérant qu’il était extrêmement présomptueux de ma place de clinicien de terrain d’aborder un thème aussi lourd. Nous avions l’habitude de le voir traiter par des philosophes ou des théologiens (Dalaï Lama, Sœur Emmanuelle ou Luc Ferry par exemple). Au nom de quoi finalement, un psychiatre pouvait-il se prononcer sur ce thème? Puis je suis tombé sur les travaux de Victor Frankl, ce psychiatre autrichien qui a fondé la logohérapie ou thérapie par le sens de la vie. Ses travaux m’ont complètement revigoré et donné en quelque sorte l’autorisation que des psy poursuivent cette réflexion. Mais lorsque dans ta question, tu emploies l’expression m’attaquer au sens de la vie ; c’est vraiment un terme qui correspond bien car ce ne fut pas si simple. J’ai décidé d’oser le faire en me disant qu’après tout, je devais être capable de faire ce que je demande à mes patients d’effectuer.
Comme souvent dans tes ouvrages, la place de la relation à l’autre est centrale.

La question du sens de la vie, était souvent posée à soi-même. Pourquoi sommes-nous là ? Où allons-nous ? Pourquoi vivons-nous ? Nous sortons de plusieurs décennies d’une psychologie du moi assez autocentrée, comme si nous étions des êtres isolés. Ceci a été renforcé à mon sens, par certaines écoles de psychothérapie qui propose un travail autocentré et volontairement en dehors de la vie quotidienne. Si nous sommes comme je l’indique dans mon livre, l’acteur de notre propre biographie et si nous avons les cartes en main, il me semble toutefois qu’une vie déconnecté des autres, de la notion d’altérité va très vite s’avérer vide de sens. Je me suis toujours intéressé aux thérapies relationnelles, avec l’affirmation de soi en particulier considérant que la nourriture relationnelle est essentielle à notre équilibre personnel.
Tu développes des idées sur les valeurs assez proches de celles de l’ACT...
J’ai découvert l’ACT lorsque j’étais en train de terminer mon livre. Je me suis effectivement rendu compte que j’étais très proche de l’ACT sur la question des valeurs et que j’avais probablement commencé à faire de l’ACT sans le savoir. Mais comme il est toujours mieux de savoir ce que l’on fait, j’ai donc suivi les séminaires de Philippe Vuille, et de Kelly Wilson à l’Afforthecc l’an dernier, qui bien sûr, m’ont confirmé ma proximité avec l’ACT. Toutefois, mon livre n’est pas le livre d’une tendance. J’essaie d’apporter des outils très simples, issus de ma pratique qui couvrent un peu tous les domaines des TCC, qu’il s’agisse de l’approche de Beck, de l’approche de Young, mais aussi du mindfulness et de l’ACT. La question du sens de vie, à mon avis, n’appartient à aucune école
Propos receuillis par Benjamin Schoendorff (image Rémi Schoendorff)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je lis vos billets avec beaucoup d'attention et je les trouvent pertinents, intéressants. Un contenu d'une telle qualité mériterait d'être d'avantage diffusé.
Arnaud
goulliar@lyon.fnclcc.fr