mercredi 25 novembre 2009

Anxiété - trois idées ludiques

La Thérapie d'Acceptation et d'Engagement nous invite à changer notre perspective sur les expériences intérieures contre lesquelles notre esprit nous ordonne de lutter à tout prix. Dans une réponse sur la liste ACT for the public aujourd'hui, Steven C. Hayes invite une personne anxieuse engagée dans la démarche ACT à 'jouer' avec son anxiété.

Trois idées juste pour s'amuser.
Vous souvenez-vous d'un temps, quand vous aviez quatre ou cinq ans, où vous observiez tous les insectes pendant des heures avec une curiosité innoncente?
Idée numéro 1:
L'anxiété est un insecte très intéressant.
Idée numéro 2:
Pouvez-vous vous souvenir de la première fois où vous avez eu peur et vous êtes jugé(e) négativement ? Pouvez-vous imitez la voix que vous aviez à cet âge ?
La prochaine fois que vous avez peur et vous jugez négativement, décrivez votre expérience avec la voix de cet(te) enfant. Que feriez-vous si il ou elle était là près de vous et prononçait ces paroles? Faites ce que vous feriez.
Idée numéro 3:
La prochaine fois que vous ressentez votre peur, prenez quelques instants pour observer la totalité de votre expérience puis regardez si vous pouvez la reproduire exactement, comme une personne qui produirait une sculpture psychologique.
Puis, placez la peur que vous avez créé dans tous les endroits où vous observiez votre peur - c'est la même identique, sauf que vous l'avez créée.
Observez tout ce que vous apercevez.
Amusez-vous à explorer.
Steven C. Hayes (image Rémi Schoendorff)

dimanche 22 novembre 2009

Les Thérapies Comportementales et Cognitives de l'Avenir

J'assiste au 43ème congrès de l'Association of Cognitive and Behavioral Therapies (Thérapies comportementales et Cognitives -TCC) à New York qui se termine aujourd'hui.
Ce que j'ai trouvé remarquable c'est l'importance que prennent l'acceptation et la pleine conscience et le dialogue soutenu, même si parfois houleux, entre les tenants des trois vagues de TCC (comportementales, cognitives et d'acceptation).
Hier je suis allé écouté le discours présidentiel, le président de l'ABCT, Bob Leahy, fondateur de l'Institut de Thérapie Cognitive de New York 'Le rôle de l'émotion en Thérapie Cognitive'.
Ce qui m'a le plus frappé, c'est la manière dont Bob a replacé la souffrance et la compassion au coeur de la démarche des TCCs. Le discours de Bob était si profond que mon ami Hank Robb, formateur en Thérapie d'Acceptation et d'Engagement (ACT) et moi en pleurions d'émotion.
Prenant appui sur la tragédie grecque, Shakespeare, Nietsche,
de Umanumo et Viktor Frankl, Bob a illustré comment depuis toujours souffrance et compassion donnent un sens à notre vie. Elles nous montrent ce qui est important pour nous, en éclairant le chemin de nos valeurs.
En fait, si l'on enlève les premières minutes de présentation théorique, le discours de Bob aurait pu être prononcé par un thérapeute de Thérapie d'Acceptation et d'Engagement (ACT) plutôt que par un thérapeute cognitif.
Je prends cela pour un signe de progrès. En replaçant souffrance et compassion au coeur de leur démarche, les TCCs s'humaniseront encore plus et s'éloigneront plus encore de la caricature qui voudrait que ce soit des thérapies centrées sur la seule réduction du symptôme et qui ne considère l'irréductible subjectivité humaine qu'à l'aune de questionnaires standardisés.
Si l'on retirait la première partie théorique du discours de Bob, il aurait pu être prononcé par un des créateurs de l'ACT.
Pour ceux d'entres nous qui sont engagés dans le développement de nouvelles thérapies et les intenses débats scientifiques que cela implique, le message de Bob nous rappelle que nous ne devons pas nous laisser diviser par des mots, des théories ou des philosophies différentes. La grande famille des thérapies relevant le défi de la validation scientifique (et il y a de la place pour tout le monde dans cette famille) n'a qu'un but: mieux accueillir et reconnaitre la souffrance humaine, cultiver la compassion et contribuer à une vie en société plus solidaire, plus ouverte et, oui, plus pleine d'amour.
Les TCC sont un humanisme. Merci Bob.
Benjamin Schoendorff (image ABCT)

samedi 21 novembre 2009

Essayer

Certains d'entre nous essayent de changer depuis de nombreuses années.
Voici quelques lignes que John Forsyth, professeur de psychologie à l'université d'Albany, New York et thérapeute et auteur de Thérapie d'Acceptation et d'Engagement (ACT) a écrit ce soir sur la liste de discussion Act for the Public.

Le mot 'essayer'. Essayer...
Je me demande si essayer vous aide où si ça contribue à ce que vous vous sentiez coincé.
Par exemple, si vous posez un stylo par terre et 'essayez' de le ramasser, que se passe-t-il? Montrez moi à quoi cela ressemblerait d'essayer de ramasser le stylo. Si vous le ramassez, ça n'est pas essayer de le ramasser, c'est le faire.
Essayer a tendance à nous garder les mains suspendues juste au dessus de la vie, pas tout à fait au contact des choses.
Alors peut-être qu'essayer est une de ces choses auxquelles vous pouvez cesser de vous agripper.

John Forsyth
(image Rémi Schoendorff)

jeudi 19 novembre 2009

Face à la souffrance

Pas facile de garder un blog à jour!
Je suis actuellement aux USA en voyage d'étude. Je visite les fondateurs de la Thérapie d'Acceptation et d'Engagement pour préparer des projets d'écriture et de recherches communs.
J'ai reçu hier cet article de Jean-Marc Louis paru dans le Républicain Lorrain.
Outre le fait que c'est le premier article de presse imprimée publié sur Faire face à la Souffrance, je le trouve particulièrement notable car Jean-Marc Louis a complètement saisi l'approche du livre et apporte même ses propres éclairages. Je vous le livre donc tel quel.

Les progrès technologiques, l'amélioration globale des conditions de vie n'ont pas pour autant apporté le bonheur à l'humanité A l'origine de cela, sans doute l'incapacité pour l'humain à surmonter les épreuves de la vie et la souffrance qui en découle. Dans ce contexte, la personne reste seule Parfois démunie. D'où l'intérêt du livre de Benjamin Schoendorff, Faire face a la souffrance. L'impact de la souffrance, à ne pas confondre avec la douleur physique et qui, elle, se situe sur le plan psychique, est tributaire de notre capacité à "l'accueillir". Ce verbe est d'importance, souligne le psychiatre Christophe André dans la préface de l'ouvrage. ll est préférable à "accepter", terme trop lie a l'idée de soumission. Or, ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Face à la souffrance, la passivité ne fait qu'aggraver la situation.
Accueillir sa souffrance est un enrichissement parce que c'est une découverte de soi, un approfondissement de la connaissance de soi. C'est aussi la seule manière de faire changer durablement la situation. En revanche, refuser la souffrance est un leurre, tandis que s'y complaire s'avère nocif Cette dernière attitude exprime souvent un manque affectif. Le fait de vivre par et pour sa souffrance peut être ressenti comme un mode de chantage qui conduit les autres, pour se protéger a s'éloigner. D'où une solitude encore plus difficile à vivre.
La psychanalyse qui s'attache à identifier la source de nos souffrances est-elle une aide efficace ? Pas forcément, selon Benjamin Schoendorff. Pas plus que les thérapies comportementales et cognitives qui n'offrent qu'un soulagement. L'auteur propose une intéressante Thérapie d'Acceptation et d'Engagement. A partir d'exercices, le lecteur réalise que ses comportements s'inscrivent dans un certain environnement qui, bien souvent, les conditionne, les contrôle et gère leur issue. Et cela bien souvent au détriment de ses besoins et de ses désirs. Cette prise de conscience est censée inverser l'ordre des choses. Il s'agit aussi de repérer les pièges du langage, source de la pensée et donc de notre représentation du monde. A partir de là, la démarche consiste à 'interrompre les luttes inutiles voire toxiques, à nous tourner vers ce qui compte vraiment pour nous, de ne jamais perdre de vue nos valeurs'.

Jean-Marc Louis
(reproduit avec autorisation; image Rémi Schoendorff)