vendredi 11 novembre 2011

Faire face à la Souffrance en version numérque

Mon livre Faire face à la Souffrance, choisir la vie plutôt que la lutte avec la Thérapie d'Acceptation et d'Engagement est présent disponible en version numérique. Pour le commander, cliquez ici.

Benjamin Schoendorff

lundi 31 octobre 2011

Cesser la lutte avec son corps

Je reprends ce blog avec une interview de mon ami Jean-Chrisophe Seznec qui publie aux éditions PUF le psychoguide 'J'arrête de lutter avec mon corps'.

Bonjour Jean-Christophe, peux-tu nous parler des différentes formes que prennent la lutte avec son corps?

Beaucoup de personnes luttent contre elles-mêmes en prenant le corps pour l'instrument et le terrain de cette lutte. Comme cette bataille contre soi est impossible à gagner, il ne reste que de la souffrance.
Cette lutte prend différentes formes : Tout d'abord, nous pouvons le maltraiter à travers des comportements réactionnels dont le but est souvent de faire baisser le niveau de tension intérieure à travers notre comportement alimentaire (restriction, compulsion, régime, grignotage, etc.), la trichotillomanie, l'alcool, la cigarette ou toute autre forme d'addiction mais aussi par des comportements plus quotidiens comme se ronger les ongles ou secouer la jambe. Nous pouvons aussi tenter de le transformer par la chirurgie esthétique, les tatouages ou les piercing. Enfin, nous pouvons en jouer avec parfois le risque de jouer à des jeux dangereux à travers le sport, la sexualité, le travail, etc.

Que retrouve-t-on derrière cette lutte?

Derrière cette lutte, il y a la difficulté à accepter notre humanité. En effet, être un Être humain c'est être un Être émotionnel. Cet Être émotionnel s'éveille particulièrement à l'adolescence où nous sommes confrontés à un flux énergétique (émotionnel) qui habite notre corps et qui peut nous paraitre insupportable. Ne sachant pas quoi faire de cette nouvelle expérience et sans apprentissage de la gestion émotionnelle, nous pouvons être tenter de trouver des fausses bonnes solutions pour "purger" ce flux émotionnel à travers l'alimentation, la cigarette, etc.
Nous sommes, dans notre société, extrêmement libres mais extrêmement seuls. Nous sommes de plus en plus seul à apprendre à jouer de ce corps émotionnel à l'adolescence. Aussi, j'ai voulu que ce livre soit un psychoguide à l'intention des personnes qui souffrent mais aussi un guide pour tout adolescent ou jeune adulte qui souhaiterait apprendre à vivre en pouvant mieux observer et comprendre ce qui se passe en lui.
Tout récemment, lors d'un congrès de gynécologie, je disais au public que nous pourrions presque prescrire, en prévention, ce livre à toute jeune femme confrontée à ce flux émotionnel avant que la lutte ne se cristallise autour d'un symptôme et dans une spirale de consommation de soin.

Tu présentes trois grilles théoriques pour comprendre cette lutte avec son corps, quelles sont-elles?

A travers mon livre, je propose d'observer cette lutte à travers trois modèles psychothérapeutiques. Même si ma culture, ma formation et ma sensibilité est plutôt proche des thérapies comportementales et cognitives (et donc de l'ACT), j'ai souhaité m'enrichir dans ce livre d'autres regards. Tout d'abord, le modèle psychanalytique peut nous aider à comprendre le "Pourquoi" de cette lutte en revisitant notre construction de nous au cours des différentes étapes de la maturation du ventre de notre mère à maintenant. Or la première étape qui nous a permis d'apaiser les émotions générées par notre naissance est le stade oral. Or beaucoup de comportements de lutte passent par la bouche. Le modèle des thérapies comportementales permet de construire une résolution de problème dans l'ici et le maintenant. Cette grille répond à la question du "comment" en ce centrant sur les liens entre notre machine à penser, notre corps et nos émotions afin d'en fluidifier le dialogue. Enfin le modèle bouddhiste avec sa version laïque, la mindfulness, nous permet de développer notre observation de ce qui nous entoure et de ce qui est en nous afin de développer notre acceptation de ce statut d'humain.

Tu parles de thérapie par l'Action, quel est le lien avec l'ACT?

La thérapie par l'action est en lien direct avec l'ACT. En effet, au cours des formations que j'ai suivi sur l'ACT, je me suis rendu compte que, comme M. Jourdain, je faisais de l'ACT sans le savoir ! Mais ne voulant être ni dogmatique et ni me positionner en "spécialiste" de l'ACT , je préfère parler pour l'instant de thérapie par l'action car cela représente, par ce terme, ma façon de m'approprier l'ACT. De plus, en mettant en avant le terme "action", c'est une façon de le discriminer de nos comportements de réaction.
Il s'agit d'une attitude d'engagement de soi afin de se rapprocher de ce qui est important pour nous en acceptant ce statut d'être émotionnel afin d'apprendre à surfer sur les vagues de nos pensées et de nos émotions. Il s'agit d'une approche humble et pragmatique de ce que nous sommes. En effet, si nous gardons cette image que notre intériorité est constituée de vagues de pensées et d'émotions, nous avons toujours le choix entre passer du temps à tenter d'expliquer le pourquoi des vagues, mais au risque d'oublier de vivre, rester sur la plage et de passer à coté de la vie ou, en apprenant à surfer sur celles-ci en étant suffisamment curieux afin d'expérimenter ce fameux terrain de jeu qu'est ce corps émotionnel.

Tu proposes un modèle thérapeutique intégratif original, comment vois-tu les thérapies évoluer à l'avenir?

Il est de moins en moins facile d'utiliser qu'un seul modèle thérapeutique au risque d'être dogmatique et de proposer une relation trop contraignante au client.
En effet, je pense que ce n'est pas au client de s'adapter à la psychothérapie mais à la psychothérapie de s'adapter au client. Au fond tous les modèles psychothérapiques proposent une facette du même problème.
Il est nécessaire de ne pas rester emprisonné dans la catégorisation sémantique ou observationnelle que nous propose chaque modèle thérapeutique au risque de devenir borgne et perdre du relief. C'est un peu comme lorsque je regarde mon stylo, je peux dire qu'il rentre dans la catégorie bleu selon un modèle qui catégorise les couleurs, que c'est un objet de bureautique selon mon modèle utilitaire, que c'est le résultat du labeur de nombreux ouvriers ou de dire que c'est le fruit de l'évolution des techniques selon mon modèle historique. Tout cela est vrai, apprenons à surfer d'une perspective à l'autre comme nous apprenons à nos clients à surfer d'une vague à l'autre.
Je pense qu'il est intéressant de multiplier nos regards afin d'enrichir notre boite à outil afin d'accompagner nos clients vers ce qui est important pour lui. Le tout est de ne pas s'y perdre et de rester professionnel en évaluant régulièrement ses pratiques. En outre, je pense qu'un modèle thérapeutique n'est pas une vérité mais à de sens que si il facilite une démarche.
Benjamin Schoendorff

dimanche 9 janvier 2011

Secrets de Psys

Je reprends un billet du blog de Christophe André pour vous signaler la sortie de Secrets de Psys, livre collectif dans lequel des thérapeutes partagent leur expérience personnelle de l'utilisation des méthodes qu’ils proposent à leurs patients.
J'y ai écrit deux chapitres: un partageant mon expérience personnelle de l'addiction, l'autre l'expérience d'un de mes clients souffrant de douleurs chroniques.

Voici quelques extraits de la préface de Christophe André :
Qu’est-ce qui est nécessaire pour être un bon soignant ?
Eh bien, pour être un bon soignant, il y a d’abord ce qui est indispensable : c’est bien sûr que le soignant ait appris à soigner. D’où l’importance des diplômes et des formations : il faut toujours oser demander à son thérapeute quel est son diplôme (psychologue, psychiatre, médecin ou autre), quelles sont les méthodes qu’il propose, et en quoi elles consistent. Un thérapeute digne de ce nom prendra toujours le temps de vous répondre et de vous expliquer sa façon de travailler. La thérapie, ce n’est pas simplement de l’écoute et du bon sens. En tout cas, ce n’est pas que ça. C’est aussi un ensemble de techniques, un savoir-faire, des repères basés sur la recherche scientifique, l’expérience apprise d’autres thérapeutes, etc.
Pour être un bon soignant, il y a ensuite ce qui est préférable : c’est qu’au moment où il soigne, le thérapeute n’aille pas trop mal dans sa tête. Bien sûr, on peut soigner tout en étant stressé, abattu, perturbé. Mais cela ne marchera pas très longtemps. La formule de Nietzsche : « Plus d’un qui ne peut se libérer de ses chaînes a su néanmoins en libérer son ami » ne peut s’appliquer durablement à la psychothérapie. Il est malhonnête et mensonger de prétendre soigner des patients alcooliques si on est soit même dépendant de la boisson. Il est malhonnête et mensonger de prétendre soigner des patients anxieux ou déprimés si on est soit même en pleine dépression ou sujet à des attaques de panique. Je me souviens de cette anecdote d’un psychanalyste de renom venu un jour faire une conférence sur les phobies dans une grande ville loin de chez lui : il était lui-même totalement phobique, et les collègues qui l’avaient invité devaient l’accompagner dans tous ses déplacements pour qu’il ne panique pas ; ces collègues étaient du coup un peu perplexes, face à ce grand écart entre discours et réalités. Bien sûr, il ne s’agit pas d’exiger un certificat de bonne santé mentale de la part des thérapeutes. Mais la moindre des choses, c’est d’attendre d’eux qu’ils aient surmonté leurs fragilités. Ainsi, une des plus grandes spécialistes de la maladie bipolaire (ce qu’on appelait autrefois maladie maniaco-dépressive) souffre elle-même de bipolarité. Elle n’a pas eu honte d’en parler dans un livre très émouvant (Kay Redfield-Jamison : De l'exaltation à la dépression, Confessions d'une psychiatre maniaco-dépressive. Paris, Laffont, 2003.) dans lequel elle raconte comment sa maladie aurait pu la détruire si elle n’avait pas accepté de se soigner, et comment cette fragilité lui a à la fois compliqué la vie, tout en l’enrichissant. La question n’est donc pas celle de la maladie mais de son traitement : à ce titre les professionnels de santé doivent être des modèles non pas tant de bonne santé que de bonne gestion de leur santé.
Pour être un bon soignant, il y a enfin ce qui est intéressant : le fait d’avoir connu des difficultés et d’avoir eu à s’en débarrasser peut être une bonne chose pour les psys. Cela facilite l’empathie : on comprend mieux la souffrance si on a souffert soi-même. Je dis bien facilite, car il y a tout de même d’autres voies pour l’empathie que le chemin de la souffrance personnelle. Mais avoir été souffrant et s’en être sorti, cela aide à la maîtrise d’outils dont on s’est aussi servi pour soi-même. Et cela ramène à notre esprit de soignant l’humilité, et la conscience de la difficulté de ce que l’on demande parfois à nos patients. En plus de leur savoir, les soignants qui sont passés par différentes formes de difficultés disposent alors d’une autre expertise : celle de l’expérience. Ils se trouvent en général un peu en avant sur le chemin : ils se sont appliqués à eux-mêmes les démarches qu’ils proposent à leur patient. Leur légitimité vient aussi de là. Pas d’une supériorité (en termes de personnalité) mais d’une antériorité (en termes de démarche).
Ce livre raconte donc les expériences vécues de nombreux psychothérapeutes face à leurs difficultés personnelles. Certaines de ces difficultés sont assez répandues pour être familières à la plupart d’entre nous, comme le stress, l’anxiété, ou la dépression : d’autres sont plus radicales et déstabilisantes, comme la toxicomanie, ou les maltraitances. Dans cet ouvrage, des psys vous parlent de ces difficultés, et surtout de ce qui les a aidés à s’en sortir. Et à ne pas y retomber : on y aborde aussi ce que les thérapeutes font pour prendre soin d’eux et continuer d’aller bien. Car il faut continuer d’aller bien pour bien soigner : le bien-être du thérapeute est une aide puissante à ses capacités de compassion. Les compétences d’écoute, d’empathie, de soutien se doivent de reposer sur la joie de soigner pour prétendre durer.
Vous retrouverez donc dans ces pages des conseils concrets pas seulement utiles, mais utilisés : c’est-à-dire validés par l’expérience personnelle du thérapeute. Attention : les thérapeutes de ce livre ne se présentent pas comme des modèles à admirer ; plutôt comme des modèles dont s’inspirer : faillibles, fragiles, mais qui ont mis en pratique les efforts qu’ils recommandent. Plus émouvants, donc plus motivants. Des modèles fraternels, en quelque sorte : pas meilleurs au départ que leurs lecteurs, mais plus avancés dans la démarche, et désireux de transmettre un peu de leur expérience.
J’ai été passionné et touché de découvrir chez des collègues, dont certains sont aussi des amis, des difficultés dont nous n’avions jamais parlé. Je pense que vous serez vous aussi passionnés et touchés par ces récits. Les thérapeutes qui se livrent ici font preuve d’honnêteté et de courage. Comme les patients qui viennent nous livrer leurs souffrances, leurs échecs, leurs hontes, leurs peurs. Et nous montrer leurs ressources. Et nous associer à leurs efforts, leurs progrès...

PS :présentation du livre par Sylvain Courage, du Nouvel Observateur, qui lui consacre un dossier spécial cette semaine.

Benjamin Schoendorff
(image Odile Jacob)

mercredi 4 août 2010

Le pouvoir de se découvrir utile

Sur sa page Facebook, Kelly Wilson, un des initiateurs de la Thérapie d’Acceptation et d’Engagement, publie régulièrement des textes formant partie de son ‘projet d’appréciation’. J’ai déjà traduit certains de ces textes pour ce blog et je voudrais aujourd’hui partager ce texte que Kelly, qui est venu animer un atelier de formation à la Thérapie d’Acceptation et d’Engagement à Lyon en juillet dernier vient de publier.

Je porte en moi une tendresse particulière pour les personnes souffrant de difficultés développementales. Voici l’histoire derrière cette tendresse.
C’était l’hiver 1985 et je faisais lentement route pour revenir au centre de la vie. Avant cela j’avais passé des années à vivre à la frontière entre vivre et mourir. Connaissez-vous cet endroit ? J’attendais juste de pouvoir mobiliser suffisamment de courage ou d’apathie pour mourir de ma propre main (mais sans jamais les trouver). Ou, ma stratégie la plus active, en espérant secrètement que je mourrais du fait d’un malheureux concours de circonstances — un passage à tabac, une balle, un accident de la circulation — et en vivant d’une manière qui rendait cela très probable.
Le premier job que j’ai eu fut de travailler dans un foyer pour personnes souffrant de handicap développementaux pour $4 de l’heure. Les personnes qui vivaient là devaient souffrir de profond handicap et la plupart avaient d’autres difficultés qui faisaient qu’il était difficile de les caser. Beaucoup d’entre eux avaient survécu à de nombreuses années dans les énormes entrepôts humains que notre société construit pour loger (ou peut-être juste entreposer) les personnes ayant ces problèmes.
Si jamais cela commence à sembler noble de ma part, vous devriez savoir que si quelqu’un m’avait offert un emploi plus prestigieux ou plus rémunérateur, je l’aurais accepté sans hésitation. Je n’ai pas renoncé à la richesse ou à la renommée pour prendre cet emploi. Personne ne m’offrait un meilleur job. Personne. J’avais 30 ans et je n’avais jamais eu d’emploi stable de toute ma vie. J’ai pris le job à 4 $ de l’heure parce que c’était tout ce que j’étais qualifié à faire.
Je travaillais les matins – tôt. J’arrivais et je réveillais les gars et les préparaient à se rendre à leurs ateliers protégés. À cause de leur niveau de handicap, il arrivait occasionnellement que les gars se salissent pendant la nuit. C’était alors mon job de les aider à se nettoyer.
Je me souviens avec une grande clarté, tôt un matin, en cette obscurité d’avant l’aube de l’hiver 1985, être à genoux dans cette salle de bains. Un carrelage bleu montait aux murs, l’eau chaude tombait en pluie, et je me souviens du contact et de l’odeur de cet air savonneux et fumant, et je suis à genoux à nettoyer les souillures des jambes de l’un de ces gars. Et là en bas, à genoux, il m’est apparu, que si vous ne pouviez pas laver vos selles de vos propres jambes, et que quelqu’un pouvait le faire pour vous, ce serait une bonne chose.
J’ai vécu tellement d’années totalement certain que j’étais un poids pour l’univers. Vous approcher de moi vous épuiserait et vous causerait des dégâts. Plus vous vous approcheriez, plus de dégâts vous subiriez. La plupart du temps les gens ne s’en rendaient pas compte avant qu’il ne soit trop tard, mais ils finissaient toujours par s’en rendre compte. Voilà l’histoire à l’intérieur de laquelle je vivais. J’avais des preuves — un sillage de relations brisées et d’échecs personnels s’étendait derrière moi aussi loin que l’œil portait.
Mais là, à genoux, dans cette salles de bains embuée, je me suis trouvé utile. Je ne savais pas que je pouvais être utile. Et je ne peux exprimer ce que cela voulut dire pour moi ce jour là, dans cette salle de bains, à genoux, de me découvrir utile. Et, aujourd’hui, me remémorant tout cela, mes yeux se remplissent de larmes de gratitude. J’ai une dette spéciale envers les personnes vivant avec des handicaps développementaux. Ça n’est pas une dette malvenue, mais une que je porte avec joie. Ces gens avec des handicaps si profonds m’ont fait savoir que je pouvais être utile. Ce fut un présent d’une importance incommensurable offert dans le dernier endroit où je me serais attendu le trouver.
Et aujourd’hui, plus de 25 ans plus tard, j’ai reçu ce présent un millier de fois, tout autour du monde. Ça a vraiment été merveilleux. Ça n’a pas été indolore, mais merveilleux et inattendu. Je ne peux croire que je suis presque parti avant que cela n’arrive. Je suis vraiment content d’être resté. Vraiment content et reconnaissant.
Voici les choses qui me viennent, à la réflexion :
Juste là où vous êtes est un excellent point de départ.
Laissez le monde vous surprendre.
Demandez-vous quels présents pourraient apparaître dans les actions les plus simples et les endroits les plus humbles.
Ne sous-estimez jamais le pouvoir de petites actions de gentillesse — offertes ou reçues.
Prenez le temps d’apprécier la richesse de votre propre vie, même (et peut-être surtout) dans ses plus petits aspects.
Namaste à vous tous,
Kelly

Kelly G Wilson PhD est professeur de Psychologie à l'Université du Mississippi à Oxford où il a reçu le prix du professeur extraordinaire de l'année 2010
Kelly G Wilson PhD, (traduction Benjamin Schoendorff) (image Rémi Schoendorff)

mercredi 24 mars 2010

La culpabilité ou compassion?

Lytta Basset écrit dans Culpabilité, paralysie du cœur que "nous lisons souvent les évènements comme autant de preuves de notre nullité, indignité, culpabilité."
En effet, lorsque quelque chose de grave ou de terrible nous arrive, nous avons tous tendance à avoir des pensées du style : "Mais qu'ai-je donc fait pour mériter ça?"; "J'ai dû mal me comporter pour que ceci m'arrive"; "Pourquoi moi? pourquoi maintenant?"; "J'ai dû être quelqu'un de terrible dans une vie antérieure"; "J'expie un mauvais karma"...
C'est la nature même de notre pensée que de chercher à trouver une explication plus ou moins convaincante à tout ce mal qui arrive. Notre cerveau fait son travail et veut absolument comprendre. Il cherche à retrouver un certain pouvoir face au malheur subi. Il aimerait pouvoir tirer une leçon et dire "j'ai compris, j'en tire les leçons et cela ne se reproduira plus". Il nous pousse alors à nous centrer sur nous-mêmes et à viser l'amélioration permanente de nos comportements. Comme s'il était toujours à l'affût, cherchant l'erreur qui pourrait éventuellement avoir des conséquences graves. Il cherche à tout prévoir, à tout contrôler et espère ainsi éviter le pire.
Philippe Vuille, sur le site de l'ACBS parle de notre intelligence comme "d'une formidable machine à pourrir l'ici et maintenant". Il écrit "Si heureux mon présent soit-il, mon intelligence va me dresser la liste des pertes auxquelles je peux m'attendre et des catastrophes que je puis encourir".
Notre cerveau semble toujours en alerte, en observateur de nous-mêmes et vise donc constamment une perfection censée nous protéger du sentiment de culpabilité. Comme si une petite voix à l'intérieur de nous-mêmes disait : "Es-tu certain d'avoir bien fait? N'as-tu commis aucune erreur? T'es-tu bien comporté? Aurais-tu pu éviter certains problèmes? Tu dois faire mieux, ce n'est pas suffisant"
Or plus notre pensée s'accroche à ce qui est douloureux, plus elle maintient l'émotion pénible présente et actuelle et moins notre réflexion fonctionne. Ruminer notre malheur l'entretient et nous prive de la réflexion qui nous aiderait à trouver, parfois, des solutions. Christophe André écrit dans Les états d'âme : "ruminer , ce n'est pas réfléchir..."
De cette manière on peut voir le perfectionnisme comme une tentative désespérée de lutte contre le sentiment de culpabilité. "Si je fais tout parfaitement, je ne me sentirais plus coupable de rien, je ne douterai plus de ma valeur". Perfectionnisme et culpabilité peuvent être ainsi comprises comme les deux faces d'une même médaille. D'un côté l'auto-accusation sans fin (culpabilité) et de l'autre l'autosuffisance stérile (perfectionnisme).
Or l'erreur n'est-elle pas, avant tout et par essence même, humaine?!
Serait-ce une forme de sagesse que d'accepter de se tromper? Accepter de ne pas tout maîtriser, tout comprendre, tout contrôler? Accepter d'être... humain et donc imparfait, en devenir, incomplet? Accepter de quitter cette position de toute-puissance mortifère qu'est le perfectionnisme/culpabilité? Accepter pour autrui comme pour soi d'adopter une position d'ouverture bienveillante, douce et sans jugement?
Beaucoup d'entre nous adoptent assez facilement cette position d'ouverture bienveillante compassionnelle vis-à-vis d'autrui. Or, il s'agit d'avoir également cette attitude envers soi! Christophe André écrit, toujours dans Les états d'âme : "il est normal de prendre soin de soi ; d'avoir le sentiment que ce qui nous arrive et ce que nous ressentons est une expérience humaine universelle (inutile de se blâmer, inutile de se punir) ; de se montrer capable d'acceptation envers nos échecs ou difficultés (ne pas se juger trop vite, ne pas se sur identifier à ses problèmes ou ses oscillations d'états d'âme)....l'auto-compassion entraîne en général un plus grand sentiment de responsabilité personnelle mais sans pour autant faire sombrer dans la culpabilité."
Personnellement, je vois dans la compassion et l'auto-compassion une solution extrêmement efficace pour sortir du piège du perfectionnisme/culpabilité.

Frédérique Giacomoni (image Rémi Schoendorff)

lundi 15 mars 2010

Vers une prière de la sérénité plus sereine?

Mon ami Hank Robb, thérapeute en Thérapie d'Acceptation et d'Engagement américain a récemment partagé ces réflexions intéressantes sur la liste de discussion anglophone de l'ACT.

La prière de la sérénité dit :

Mon Dieu
Donnez-moi la sérénité
D’accepter
Les choses que je ne puis changer
Le courage
De changer les choses que je peux,
Et la sagesse
D’en connaître la différence.

Le ‘problème’, tel que je le vois, est que la Prière de la sérénité semble suggérer qu’il n’est bon d’accepter que ce que l’on ne peut pas changer.
Pourtant, même ce que l'on peut changer, il est souvent plus fonctionnel de l’accepter.
Le processus de changement deviendra beaucoup plus efficace si l’on donne d’abord permission à ce ‘qui est, était ou pourrait être’ d’être, d’avoir été ou de pouvoir être - plutôt que de l’aborder en disant : Et que fais-tu ici ? Je ne vois pas pourquoi je devrais même passer ne serait-ce qu’un seul instant en ta compagnie. Sors d’ici !
Voici pourquoi, plutôt que la Prière de la sérénité, je propose à mes clients la Formule de la sérénité en action :

Laissez-moi
Accepter (consentir à)
La vie telle que je la trouve (telle qu'elle est, était ou pourrait devenir) même si je peux ne pas être d’accord avec ce que je trouve

Avoir la sagesse
De voir ce qu’il serait bon de changer,

Le courage
D’agir sur la durée pour ce changement,

Et la gratitude
D’avoir une chance de vivre ma vie du mieux que je le peux.


Hank Robb
(traduction et adaptation Benjamin Schoendorff, image Rémi Schoendorff)

dimanche 17 janvier 2010

Eloge de la félure

J’adore cette phrase de Michel Audiard : « Bienheureux les fêlés car ils laisseront passer la lumière » !
Je trouve que tout y est. Au premier degré, c’est une évidence que ce qui est fêlé laisse passer un peu de lumière.
Avec une analyse plus psychologique, cela permet d’accepter plus facilement ses propres fêlures puisqu’elles nous annoncent la lumière ! De quelle lumière parle-t-on ? Je pense qu’il s’agit là de comprendre que la lumière est ce qui nous libère. C’est probablement ce que l’on ressent lorsqu’on est en paix à l’intérieur de soi. Une sorte de sentiment de dilation intérieure, de plénitude, de bien-être que l’on peut ressentir par exemple dans la pratique de la méditation ou de la prière, pour ceux d’entre nous que cette pratique touche.
Personnellement c’est lorsque je ressens cette paix que je ressens également le plus d’amour pour tous les êtres humains que je croise. A ce moment là, je ressens aussi les liens invisibles qui me rendent tous ces Autres humains si proches de moi. C’est ce que j’appelle la lumière : ce qui nous relie les uns aux autres, dans toute notre humanité.
Dans ce sens, je vois les fêlures, les failles, les fragilités de chaque être humain, comme une force qui nous relie les uns aux autres ! C’est une chance que d’accepter et de pouvoir dessiner le contour de ses propres fêlures car elles permettent d’accéder au monde des relations ! C’est en ce sens que je pense que chaque thérapeute devrait travailler sur ses propres fragilités.
Marie Balmary le souligne dans La fragilité : faiblesse ou richesse ? publié chez Albin Michel, la fragilité est une présence sans menace pour l’autre, elle permet d’être avec l’autre.
Enfin , merci Michel Audiard car l’humour est sans doute la plus courte et la meilleure distance entre deux êtres !
Frédérique Giacomoni

Sur le même thème et pour les anglophones parmi vous: la très belle chanson de Leonard Cohen Anthem qui contient ces paroles:
There is a crack in everything, that's how the light gets in
(Il y a une fêlure dans toute chose, c'est comme ça que la lumière pénètre).

Benjamin Schoendorff
(image Rémi Schoendorff)

mardi 12 janvier 2010

Du personnel à l'universel

Pour nous les thérapeutes, il est encore de bon ton de nous camoufler derrière nos diplômes, notre expertise, notre savoir et notre rôle.
Cela est souvent plus confortable, et notre tête nous souffle que toute autre attitude serait inacceptable et sans doute dangereuse pour nos clients (que du coup nous préférons appeler patients dans l'illusion qu'ils viennent nous voir avec des choses en trop ou en moins que nous allons devoir leur enlever ou leur rajouter).
La Thérapie basée sur l'Analyse Fonctionnelle (Functional Analytic Therapy - FAP) de Bob Kohlenberg et Mavis Tsai part de la constatation que pour une espèce sociale comme la notre, la grande majorité de la souffrance mentale se traduit, se nourrit et bien souvent nait, de difficultés relationnelles.
Dans cette approche-soeur de la Thérapie d'Acceptation et d'Engagement (ACT) basée à la fois sur l'analyse du comportement et les théories de l'attachement (et qui peut donc se comprendre comme une intégration du comportementalisme et de la psychodynamique), le travail de thérapie devient l'entrainement d'un comportement relationnel plus fonctionnel. Pour une espèce sociale, cela veut dire l'entrainement du comportement de connexion aux autres.
Or, ce qui nous connecte aux autres ça n'est pas prétendre que nous contrôlons tout, que nous sommes parmi les passagers qui ont eu la chance d'être invité à monter à bord du bus des gens qui vont bien et n'ont aucune difficulté, ni même que nous avons été un jour des bozos mais qu'aujourd'hui, après des années d'efforts, avons enfin rejoint le bus des 'beautiful people'.
Nous connecter implique faire de l'espace pour révéler nos vulnérabilités.
Créer des relations intimes implique prendre le risque de révéler des choses pour la révélation desquelles nous avons été puni dans le passé - et le faire dans un espace où nous ne serons pas cette fois punis, mais accueillis.
En faire la démonstration publique nous expose à être en partie condamnés et rejetés (en comportementalisme on dit puni), et en partie soutenus (en comportementalisme on dit renforcé). Quand on est plus renforcé que puni, on continue, sinon on change son comportement jusqu'à ce que l'on soit plus renforcé que puni.
Les problèmes arrivent quand ce qui nous renforce c'est l'arrêt d'une punition (en comportementalisme on dit renforcement négatif). Par exemple je pourrais arrêter d'être sincère et ouvert afin de ne plus m'exposer au ridicule ou au jugement de certains. Nul doute que cela marcherait pour me protéger de certaines blessures. Mais cela m'empêcherait également de connaitre la joie profonde et importante que j'éprouve à me connecter authentiquement avec de nombreuses personnes.
C'est là que le travail des valeurs de l'ACT vient nous aider. En m'alignant avec mes valeurs, en agissant pour incarner les qualités qui me sont importantes, je suis renforcé dans le fait même de faire l'action, et plus seulement dans le résultat de cette action. Donc que les autres reconnaissent que j'ai vraiment le cœur ouvert ou non, je suis renforcé du simple fait que j'agis en harmonie avec ce que je vois dans mon cœur.
J'écris sur moi pour trois raisons: respecter la vulnérabilité de mes clients en n'étalant pas en public les combats privés de leur cœur; parler de ce dont j'ai une expérience directe plutôt que de mon interprétation de l'expérience des autres et enfin parce que, comme l'écrit Carl Rogers : 'Il me faut maintenant citer une de mes découvertes les plus enrichissantes; enrichissante, parce que, grâce à elle, je me sens plus proche d'autrui. Cela pourrait s'exprimer comme suit : ce qui est le plus personnel est ausi ce qu'il y a de plus général'. (Le développement de la personne, Interéditions 2005, p.22)
Benjamin Schoendorff (image Rémi Schoendorff)

lundi 11 janvier 2010

Les bozos dans le bus

Mon amie Sonja Batten PhD, extraordinaire formatrice, a pour habitude de commencer ses ateliers de formation à la Thérapie d'Acceptation et d'Engagement (ACT) en lisant ce texte d'Elizabeth Lesser.
Le célèbre clown américain, Wavy Gravy dit que nous sommes tous des Bozos dans le bus. Sa phrase est une excellente introduction à notre atelier. Parce qu'au fond nous croyons tous que nous sommes des bozos dans le bus, contrairement à l’image que nous nous donnons tant de mal à défendre chaque jour.
Nous sommes tous des êtres régulièrement sujets à l’erreur, nés dépourvu du manuel d’instruction pour affronter un monde complexe. Aucun d’entre nous n’est un modèle de comportement. Nous avons tous trahi et été trahis, nous avons tous agi de manière égoïste, comme des personnes sur qui on ne peut pas compter, des êtres léthargiques, radins, et chacun d’entre nous a pu se réveiller au milieu de la nuit et se faire du souci pour toutes sortes de choses – l’argent, les enfants, le terrorisme, les rides, la calvitie.
En d’autres termes, nous sommes tous des bozos dans le bus.

A mon avis, cela devrait être célébré. Si nous sommes tous des bozos, alors, bon Dieu! nous pouvons nous libérer du poids de prétendre et être, simplement, des bozos.
Nous pouvons alors faire face aux problèmes qui confrontent les organismes de type bozo sans nos résistances et gênes habituelles. C’est d’autant plus efficace de travailler sur nos imperfections le cœur léger et ouvert au pardon.
Imaginez combien il serait libérateur de considérer la condition humaine de manière plus compassionnelle et humoristique. Non pas dans le but de nier nos défauts mais afin de les accueillir comme partie intégrante du système standard de fonctionnement humain .
Chaque personne dans ce bus nommé Terre souffre ; c’est quand nous avons honte de nos échecs que la douleur se transforme en souffrance. Dans notre honte, nous nous sentons rejetés, comme s’il y avait ailleurs un autre bus qui roulerait lui sur une route sans aspérités.
Ses passagers seraient tous minces, en bonne santé, heureux, bien habillés, appréciés de tous, membres de familles unies, dotés d’emplois qui ne les stressent pas, et ne faisant jamais rien de méchant ou d’idiot comme oublier où ils ont garé leur voiture ou posé leur portefeuille, ou dire quelque chose de choquant.
Nous voudrions tant être à bord de ce bus, avec tous les gens normaux.
Mais nous sommes à bord du bus à l'avant duquel est écrit ‘BOZOS’ et nous avons peur d’être tout seul à bord de ce bus.
Voilà l’illusion qui aveugle tant d’entre nous : que nous sommes seul dans nos bizarreries et nos incertitudes, que nous pourrions être la seule personne perdue sur la grande route.
Bien sur, nous ne nous sentons pas tout le temps ainsi. Parfois nous sommes emportés par une vague de pardon pour nous-mêmes et soudain nous nous retrouvons connectés à nos frères et sœurs humains, soudain nous faisons partie du groupe.

C’est merveilleux de prendre place à bord du bus avec les autres bozos.
Peut-être que le premier pas en direction de la libération est de comprendre avec chacune des cellules de votre cerveau que l’autre bus – le chouette bus avec tous les gens cool qui savent exactement où ils vont – est lui aussi rempli de bozos déguisés. Des bozos porteurs de secrets.
Quand nous voyons clairement que chaque être humain, peu importe son âge, sa célébrité, sa fortune ou sa beauté, partage les mêmes faiblesse et limites ordinaires, quelque chose d’étrange se passe : nous commençons à nous réjouir, à lâcher un peu prise et nous devenons aussi légers et résilients que ces autres personnes que nous imaginions à bord de l’autre bus.
Tout en roulant le long de la grande route défoncée, aussi perdus que jamais, à travers vallées et collines, nous nous retrouvons en présence d’amis. Nous nous calons alors dans nos sièges et profitons du voyage.

Elizabeth Lesser Broken Open (traduction Benjamin Schoendorff; image Rémi Schoendorff)

dimanche 10 janvier 2010

Le risque de s'ouvrir

J'ai reçu vendredi une carte de vœux d'une amie dont je n'arrive pas à déchiffrer la signature.
Dans un message très touchant elle exprime combien elle a été dérangée par mon texte sur mes addictions. Elle a su identifier d'où venait sa gêne: sa croyance que se révéler aux autres c'est se mettre en danger, se rendre vulnérable à la vindicte publique. Une autre croyance très ancrée c'est que se révéler aux autres c'est se donner en spectacle. Ainsi des collègues proches et dont je voudrais pouvoir être aimé, semblent penser - un me l'a même écrit - que je n'ai pour but que mon auto-promotion...
Bien entendu cela m'a blessé profondément et je me suis senti rejeté et, un instant, j'ai voulu recourir à ma vieille addiction d'isolation.
Je n'ai pas su comment répondre jusqu'à ce que je lise dans Le développement de la personne de Carl Rogers le passage suivant:
“...une évaluation par autrui ne saurait me servir de guide. Les jugements des autres, bien que j’aie le devoir de les écouter et d’en tenir compte pour ce qu’ils sont, ne pourront jamais me servir de guides. C’est là une leçon que j’ai eu du mal à apprendre. [...] Plus tard j’ai été un peu secoué en apprenant qu’aux yeux des autres, je suis un imposteur, quelqu’un qui exerce la médecine sans être qualifié, l’inventeur d’un d’un genre de thérapie très superficielle et dangereuse, animé par une volonté de puissance, un mystique, etc. Je me suis senti également perturbé par des éloges tout aussi exagérés. Cependant je ne me suis pas trop laissé impressionner, parce que j’en suis venu à la conclusion qu’une seule personne (du moins de mon vivant et peut-être pour toujours) peut savoir si j’agis avec honnêteté, avec application, avec franchise et justesse, ou si ce que je fais est faux, défensif et futile, et que cette personne, c’est moi-même. Je suis heureux d’entendre exprimer des témoignages sur ce que je fais : critiques amicales ou hostiles, éloges sincères ou adulateurs, font partie de ces témoignages. Toutefois, je ne puis déléguer à personne le soin de les évaluer ou d’en mesurer la signification et l’utilité.“ (InterEditions 2005, p.20)
J'ai fait le choix conscient et délibéré de la voie du cœur ouvert et donc de prendre le risque de révéler mes vulnérabilités - car mon expérience me montre qu'en les accueillant, en les nommant et en les tenant par la main avec douceur et bienveillance, j'arrive enfin à avancer en direction de mes valeurs.
Et j'accepte que la seule personne qui puisse juger du bien fondé de ma démarche, c'est, dans un sens profond, moi.
Mon expérience me montre aussi combien cela est difficile car mon vœu le plus cher est d'être aimé par tout le monde et ma croyance est qu'en ouvrant mon cœur je le serai.
Or si ouvrir publiquement mon cœur me permet de mieux me connecter à - d'aimer et d'être aimé - de nombreuses personnes et ainsi de rompre mon isolation, cela semble avoir un effet repoussant (on dit aversif en comportementalisme) sur d'autres, qui pourtant me sont importantes.
C'est peut-être une question de dosage. Mais aussi peut-être aussi fonction du fait que la révélation profonde sur soi nous fait tellement peur, à nous tous qui prétendons à toute force ne pas avoir de profond problème ni souffrance - surtout nous les soignants. Une telle révélation semble nous menacer, même quand ce n'est pas nous qui nous révélons. Même si elle ne nous menace pas directement, une telle révélation peut nous sembler tellement impensable que notre tête va nous souffler qu'il doit y avoir anguille sous roche, qu'une telle approche ne peut être sincère et que donc les motivations profondes sont à mettre en cause.
Et si, l
oin de nous protéger de quoi que ce soit, toutes ces choses que nos têtes nous soufflent et que parfois nous laissons déterminer nos comportements relationnels, nous gardaient prisonniers et avaient fonction de perpétuer l'évitement expérientiel, ce grand mensonge qui veut nous faire croire qu'il est désirable, possible voire même impératif de contrôler ou à tout le moins cacher celles de nos expériences intérieures que nos têtes jugent inacceptables ?
Steve Hayes, fondateur de l'ACT nous rappelle que la pire des positions que l'on puisse adopter en tant que thérapeute - mais aussi en tant que parent, qu'ami ou que partenaire amoureux - est celle qui dit, implicitement ou explicitement : 'Cessez de ressentir ce que vous êtes en train de ressentir afin que je puisse cesser de ressentir ce que je ressens lorsque je vous vois ressentir ce que vous ressentez'.

Benjamin Schoendorff
(image Rémi Schoendorff)

vendredi 1 janvier 2010

La thérapie des thérapeutes


Nous commençons l'année nouvelle en accueillant sur ce blog mon amie psychiatre et thérapeute comportementale et cognitive (TCC) Frédérique Giacomoni. Elle contribue un texte intéressant sur les liens entre pleine conscience, acceptation, accueil de la souffrance et l'intérêt pour les thérapeutes TCC d'engager une démarche thérapeutique pour eux-mêmes.
Se démarquant de l'analyse freudienne, la TCC ne prescrit pas de thérapie personnelle des thérapeutes. Frédérique pense qu'une telle démarche peut nous rendre, nous thérapeutes, plus humains, plus empathiques, plus connectés et plus efficaces. Benjamin

Edel Maex a écrit dans Mindfulness : apprivoiser le stress par la pleine conscience que le seul chemin vers l'assurance et la confiance en soi est d'être présent avec une attention bienveillante et ouverte, sans rien chercher : cela familiarise à ce qui se passe en soi-même. Et d'autre part que l'on ne trouve la confiance en l'autre et en soi que dans la mesure où l'on a été contacté avec confiance et apprivoisé.
Je pense en effet que la confiance en soi ne peut se trouver que lorsque l'on adopte une véritable attitude de bienveillance et de douceur, sans aucun jugement vis-à-vis de ce qui se passe en nous. Il ne s'agit certainement pas d'une attitude naturelle mais de quelque chose qui s'acquiert avec la maturité émotionnelle. Certains êtres sont sans doute plus doués que d'autres pour y parvenir.
Je crois que le travail du psychothérapeute, quelque soit la technique qu'il ait choisi pour exercer son art, requiert une parfaite connaissance de ces mécanismes de la confiance en soi. Il se doit d'être un modèle pour son patient. ll se doit d'adopter envers lui-même et envers son patient une attitude ouverte, bienveillante, douce et sans jugement. Il se doit d'avoir une attention ouverte. C'est-à-dire qu'il ne doit pas se perdre dans ses propres réactions, ses interprétations et ses conclusions automatiques.
Quelque soit le niveau de connaissances théoriques du thérapeute, quelque soit son niveau de formation, quelque soit son expérience clinique je crois qu'il ne peut obtenir ce niveau d'ouverture à l'autre, d'attention bienveillante sans aucun jugement que s'il a lui-même expérimenté d'être accueilli par un autre.
Le thérapeute, même lorsqu'il pratique des TCC, se doit, à mon avis, d'avoir expérimenté l'accueil, la douceur et la bienveillance d'un autre pour apprendre lui aussi à ne plus se juger avec dureté, à se détacher de ses propres automatismes de pensée, à accueillir en lui toute la grande diversité des émotions qui se déroulent dans chaque séance de thérapie afin de pouvoir choisir librement ce qu'il va en faire avec chaque patient.
D'autre part, chaque thérapeute doit avoir conscience que s'occuper des autres en permanence conduit vite à l'oubli de soi, à la négligence de soi et donc au renforcement inexorable de ce qui pose problème en soi. La reconnaissance de la souffrance étant le point de départ de toute relation thérapeutique, il est indispensable que chaque thérapeute prenne en charge sa propre souffrance au risque de la déverser sur autrui ou de la renforcer chez lui ou chez son patient.
Enfin, je crois que pour arriver sincèrement à éprouver de la compassion pour soi, qui est comme le souligne Edel Maex le seul véritable antidote à la violence absurde, il faut qu'un autre en ait éprouvé pour soi. Le thérapeute devenu patient peut alors ressentir tous les bienfaits de cette attitude et les transmettre à son tour à ses patients, non pas d'une manière intellectuelle, froide et distante mais d'une manière émotionnelle, immédiate et spontanée.
En conclusion, je crois que tout l'intérêt de cette troisième vague des TCC est de mettre l'accent sur les émotions et la nécessité pour le thérapeute d'être au clair avec ses propres mécanismes émotionnels. Comme l'écrit Stéphanie Hahusseau, dans Tristesse, peur, colère, quand on est psy, aller voir un psy soi-même est conseillé!
Le maitre Zen Dogen dit :
Le Zen, c'est apprendre à vous connaitre,
Apprendre à vous connaitre, c'est vous oublier,
Vous oublier, c'est vous relier à toutes choses.
Je dirais finalement :
La thérapie du thérapeute, c'est apprendre à se connaitre,
Apprendre à se connaitre, c'est être débarrassé du souci de soi,
Être débarrassé du souci de soi, c'est être relié à toutes choses et donc devenir thérapeute!
Frédérique Giacomoni (image Rémi Schoendorff)

lundi 28 décembre 2009

Un poème pour l'année nouvelle

Un client dont le courage à avancer avec sa souffrance me touche profondément m'a envoyé ce beau texte en réponse à ma carte de vœux.
Je choisis de le partager avec vous, en vous souhaitant à tous et toutes lecteurs et lectrices de ce blog une nouvelle année remplie de joie, d'engagement, de douceur, d'actions en direction de vos valeurs, de courage et d'amour.
Benjamin

La vraie joie prend par surprise.
Elle surgit moins de ce que l'on prévoit
Que la réponse que l'on offre à ce qui arrive.

Aux matins pluvieux comme aux matins heureux,
Aux heures tragiques comme aux heurs magiques,
Il n'y a d'autre bonheur que celui de répondre présent.

Alors vient le souffle de rester debout
Et cette douceur du lointain quand on ouvre les mains
Pour accueillir ce qui aujourd'hui sera pain.


Francine Carrillo
(image Rémi Schoendorff)

samedi 19 décembre 2009

Acceptation, Engagement et addictions


Mon ami Mark Webster utilise la Thérapie d'Acceptation et d'Engagement en Angleterre pour accompagner des personnes luttant contre des addictions aux produits psychoactifs (opiacés, ainsi que multi-addictions opiacés-stimulants, alcool, etc.) sur le chemin d'une vie enfin en accord avec leurs valeurs.
Il vient de créer un blog que je recommande à tous mes lecteurs anglophones: http://actinaddiction.wordpress.com/
Ce travail sur les addictions me parle singulièrement car il se connecte avec mon expérience personnelle d'avoir, avant même de connaitre l'ACT, fait un choix basé sur mes valeurs et qui m'a permis d'en finir avec les opiacés.
De fait, si l'on prend comme seul objectif l'arrêt de la consommation, on se condamne presque surement à l'échec.
Un des pionniers de la thérapie comportementale, Ogg Lindsey, ancien élève de B.F.Skinner a d'ailleurs édicté le principe de l'homme mort: Si une personne morte peut mieux atteindre le but que votre client, alors ce n'est pas un objectif de thérapie comportementale.
Ne plus consommer tel ou tel produit est un objectif que tout mort peut atteindre parfaitement, et ce n'est donc pas un objectif de vie.
Plus profondément, le choix de la vie, des valeurs est la plus solide motivation que l'on peut contacter afin de prendre le risque de faire face à tout ce que la vie nous envoie sans recourir à notre produit d'élection.
Car il ne faut pas se leurrer, les drogues (et l'alcool), ça marche - ça marche très bien même - pour ne pas avoir peur des autres, pour se sentir intéressant, intelligent, spirituel, inspiré, aimé, pour faire face à des situations et des personnes inquiétantes, pour s'évader... Les utilités des produits psychoactifs sont multiples et d'une efficacité considérable.
A court terme...
A long terme, les problèmes évités et masqués par le produit reviennent sans cesse plus pressants et plus nombreux...
Et les actions nous permettant d'incarner la personne que nous voudrions vraiment être rabougrissent jusqu'à parfois disparaitre totalement...
Viennent alors le dégout, la haine de soi, que seul le produit peut apaiser.
Le pari de l'ACT c'est qu'en se reconnectant avec ce qui est vraiment important dans la vie, c'est à dire nos valeurs, il devient possible d'identifier, ici et maintenant des actions qui nous permettent d'incarner ces valeurs - et que seul ce contact avec nos valeurs peut donner sa dignité à la perte et au deuil de la relation avec cet ami fidèle qui ne nous a jamais refusé un petit coup de pouce immédiat, notre drogue d'addiction.

Benjamin Schoendorff
(image Rémi Schoendorff)

mercredi 16 décembre 2009

Mes addictions


Je crois que ma plus ancienne addiction est à la solitude et à l'isolement.
Quand, adolescent, j'ai découvert les drogues opiacées, celles-ci m'ont apporté un sentiment de chaleur dans la poitrine et le ventre que je pensais analogue à ce que l'amour devait apporter.
Avec ces consommations s'est renforcée une deuxième addiction, plus délétère et plus durable encore, l'addiction à la procrastination.
Il y a 7 ans, j 'ai choisi de faire face à tout ce que la vie me présenterait sans recourir aux drogues. J'ai vite découvert qu'en matière de relation à l'autre je ne savais pas faire grand chose.
Alors j'ai choisi d'apprendre.
Puis je me suis engagé en psychologie. Je m'y suis engagé pour une seule raison, me rendre utile, c'est à dire apprendre à aimer.
En découvrant la psychologie fonctionnelle j'en suis venu à m'intéresser non pas à la 'réalité' des problèmes, pensées, émotions, obstacles, etc, mais bien plus à leur fonction, c'est à dire leur effets, leurs conséquences.
Et c'est ainsi que j'ai pu voir la fonction de mes comportements addictifs: éviter d'entrer de plein pied dans la vie, c'est à dire dans l'amour.
Et, pour moi, dans ma vie, la forme chimiquement pure de cet évitement, c'était la procrastination, qui me gardait comme à l'orée de ma vie, sur le pas de porte d'une vie dans laquelle il sera toujours temps de s'engager, mais, comme l'implorait Saint Augustin, 's'il te plait, mon Dieu, pas tout de suite'!
Aujourd'hui je célèbre deux semaines d'arrêt de la procrastination.
Enfin je savoure pleinement la vie, l'action, l'amour, le courage - et surtout le repos.

Benjamin Schoendorff
(image Rémi Schoendorff)

jeudi 3 décembre 2009

Parler aux jeunes des valeurs

Un message de mon cher ami Hank Robb sur la liste de discussion ACT qui résonne particulièrement avec mon expérience personnelle du moment et que je choisis de partager avec vous.

Petites pensées sur les jeunes et les valeurs.

Tu sais, si tu veux être le style de pianiste que tu veux être, alors tu pratique ce style de piano. Si tu veux être un footballer d'un style donné, alors tu pratique ce style de football. La même chose est vrai pour toi et le type de personne que tu veux être. Maybe a little thought about values and younger people. Tu pratique agir comme cette personne. Et à la fin de chaque journée tu peux te demander : Est-ce qu'aujourd'hui j'ai pratiqué le style de la personne que je veux être?' Si la réponse est 'oui', alors super! Si c'est 'non', alors demain tu peux choisir de changer, de faire quelque chose d'un peu différent. Tu peux t'entrainer à faire le genre de choses qui correspondent à la personne que tu voudrais être. Et plus tu pratiqueras, plus tu seras cette personne.

Hank Robb. (traduction et adaptation Benjamin Schoendorff
; image Rémi Schoendorff)

mercredi 25 novembre 2009

Anxiété - trois idées ludiques

La Thérapie d'Acceptation et d'Engagement nous invite à changer notre perspective sur les expériences intérieures contre lesquelles notre esprit nous ordonne de lutter à tout prix. Dans une réponse sur la liste ACT for the public aujourd'hui, Steven C. Hayes invite une personne anxieuse engagée dans la démarche ACT à 'jouer' avec son anxiété.

Trois idées juste pour s'amuser.
Vous souvenez-vous d'un temps, quand vous aviez quatre ou cinq ans, où vous observiez tous les insectes pendant des heures avec une curiosité innoncente?
Idée numéro 1:
L'anxiété est un insecte très intéressant.
Idée numéro 2:
Pouvez-vous vous souvenir de la première fois où vous avez eu peur et vous êtes jugé(e) négativement ? Pouvez-vous imitez la voix que vous aviez à cet âge ?
La prochaine fois que vous avez peur et vous jugez négativement, décrivez votre expérience avec la voix de cet(te) enfant. Que feriez-vous si il ou elle était là près de vous et prononçait ces paroles? Faites ce que vous feriez.
Idée numéro 3:
La prochaine fois que vous ressentez votre peur, prenez quelques instants pour observer la totalité de votre expérience puis regardez si vous pouvez la reproduire exactement, comme une personne qui produirait une sculpture psychologique.
Puis, placez la peur que vous avez créé dans tous les endroits où vous observiez votre peur - c'est la même identique, sauf que vous l'avez créée.
Observez tout ce que vous apercevez.
Amusez-vous à explorer.
Steven C. Hayes (image Rémi Schoendorff)

dimanche 22 novembre 2009

Les Thérapies Comportementales et Cognitives de l'Avenir

J'assiste au 43ème congrès de l'Association of Cognitive and Behavioral Therapies (Thérapies comportementales et Cognitives -TCC) à New York qui se termine aujourd'hui.
Ce que j'ai trouvé remarquable c'est l'importance que prennent l'acceptation et la pleine conscience et le dialogue soutenu, même si parfois houleux, entre les tenants des trois vagues de TCC (comportementales, cognitives et d'acceptation).
Hier je suis allé écouté le discours présidentiel, le président de l'ABCT, Bob Leahy, fondateur de l'Institut de Thérapie Cognitive de New York 'Le rôle de l'émotion en Thérapie Cognitive'.
Ce qui m'a le plus frappé, c'est la manière dont Bob a replacé la souffrance et la compassion au coeur de la démarche des TCCs. Le discours de Bob était si profond que mon ami Hank Robb, formateur en Thérapie d'Acceptation et d'Engagement (ACT) et moi en pleurions d'émotion.
Prenant appui sur la tragédie grecque, Shakespeare, Nietsche,
de Umanumo et Viktor Frankl, Bob a illustré comment depuis toujours souffrance et compassion donnent un sens à notre vie. Elles nous montrent ce qui est important pour nous, en éclairant le chemin de nos valeurs.
En fait, si l'on enlève les premières minutes de présentation théorique, le discours de Bob aurait pu être prononcé par un thérapeute de Thérapie d'Acceptation et d'Engagement (ACT) plutôt que par un thérapeute cognitif.
Je prends cela pour un signe de progrès. En replaçant souffrance et compassion au coeur de leur démarche, les TCCs s'humaniseront encore plus et s'éloigneront plus encore de la caricature qui voudrait que ce soit des thérapies centrées sur la seule réduction du symptôme et qui ne considère l'irréductible subjectivité humaine qu'à l'aune de questionnaires standardisés.
Si l'on retirait la première partie théorique du discours de Bob, il aurait pu être prononcé par un des créateurs de l'ACT.
Pour ceux d'entres nous qui sont engagés dans le développement de nouvelles thérapies et les intenses débats scientifiques que cela implique, le message de Bob nous rappelle que nous ne devons pas nous laisser diviser par des mots, des théories ou des philosophies différentes. La grande famille des thérapies relevant le défi de la validation scientifique (et il y a de la place pour tout le monde dans cette famille) n'a qu'un but: mieux accueillir et reconnaitre la souffrance humaine, cultiver la compassion et contribuer à une vie en société plus solidaire, plus ouverte et, oui, plus pleine d'amour.
Les TCC sont un humanisme. Merci Bob.
Benjamin Schoendorff (image ABCT)

samedi 21 novembre 2009

Essayer

Certains d'entre nous essayent de changer depuis de nombreuses années.
Voici quelques lignes que John Forsyth, professeur de psychologie à l'université d'Albany, New York et thérapeute et auteur de Thérapie d'Acceptation et d'Engagement (ACT) a écrit ce soir sur la liste de discussion Act for the Public.

Le mot 'essayer'. Essayer...
Je me demande si essayer vous aide où si ça contribue à ce que vous vous sentiez coincé.
Par exemple, si vous posez un stylo par terre et 'essayez' de le ramasser, que se passe-t-il? Montrez moi à quoi cela ressemblerait d'essayer de ramasser le stylo. Si vous le ramassez, ça n'est pas essayer de le ramasser, c'est le faire.
Essayer a tendance à nous garder les mains suspendues juste au dessus de la vie, pas tout à fait au contact des choses.
Alors peut-être qu'essayer est une de ces choses auxquelles vous pouvez cesser de vous agripper.

John Forsyth
(image Rémi Schoendorff)

jeudi 19 novembre 2009

Face à la souffrance

Pas facile de garder un blog à jour!
Je suis actuellement aux USA en voyage d'étude. Je visite les fondateurs de la Thérapie d'Acceptation et d'Engagement pour préparer des projets d'écriture et de recherches communs.
J'ai reçu hier cet article de Jean-Marc Louis paru dans le Républicain Lorrain.
Outre le fait que c'est le premier article de presse imprimée publié sur Faire face à la Souffrance, je le trouve particulièrement notable car Jean-Marc Louis a complètement saisi l'approche du livre et apporte même ses propres éclairages. Je vous le livre donc tel quel.

Les progrès technologiques, l'amélioration globale des conditions de vie n'ont pas pour autant apporté le bonheur à l'humanité A l'origine de cela, sans doute l'incapacité pour l'humain à surmonter les épreuves de la vie et la souffrance qui en découle. Dans ce contexte, la personne reste seule Parfois démunie. D'où l'intérêt du livre de Benjamin Schoendorff, Faire face a la souffrance. L'impact de la souffrance, à ne pas confondre avec la douleur physique et qui, elle, se situe sur le plan psychique, est tributaire de notre capacité à "l'accueillir". Ce verbe est d'importance, souligne le psychiatre Christophe André dans la préface de l'ouvrage. ll est préférable à "accepter", terme trop lie a l'idée de soumission. Or, ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Face à la souffrance, la passivité ne fait qu'aggraver la situation.
Accueillir sa souffrance est un enrichissement parce que c'est une découverte de soi, un approfondissement de la connaissance de soi. C'est aussi la seule manière de faire changer durablement la situation. En revanche, refuser la souffrance est un leurre, tandis que s'y complaire s'avère nocif Cette dernière attitude exprime souvent un manque affectif. Le fait de vivre par et pour sa souffrance peut être ressenti comme un mode de chantage qui conduit les autres, pour se protéger a s'éloigner. D'où une solitude encore plus difficile à vivre.
La psychanalyse qui s'attache à identifier la source de nos souffrances est-elle une aide efficace ? Pas forcément, selon Benjamin Schoendorff. Pas plus que les thérapies comportementales et cognitives qui n'offrent qu'un soulagement. L'auteur propose une intéressante Thérapie d'Acceptation et d'Engagement. A partir d'exercices, le lecteur réalise que ses comportements s'inscrivent dans un certain environnement qui, bien souvent, les conditionne, les contrôle et gère leur issue. Et cela bien souvent au détriment de ses besoins et de ses désirs. Cette prise de conscience est censée inverser l'ordre des choses. Il s'agit aussi de repérer les pièges du langage, source de la pensée et donc de notre représentation du monde. A partir de là, la démarche consiste à 'interrompre les luttes inutiles voire toxiques, à nous tourner vers ce qui compte vraiment pour nous, de ne jamais perdre de vue nos valeurs'.

Jean-Marc Louis
(reproduit avec autorisation; image Rémi Schoendorff)

mardi 27 octobre 2009

L'Acceptation, la solution?

En réponse à un commentaire d'Amicitia:
J'ai été touché par ce commentaire qui pose la question du lâcher prise et de la difficulté de saisir, même au travers de la pleine conscience, ce que sont l'acceptation et le lâcher prise.
La question du lâcher prise et de l'acceptation est des plus difficiles.
C'est simple mais ça n'est pas facile.
Ce n'est pas facile parce que notre intelligence s'en mêle et va chercher à utiliser le lâcher prise comme moyen de faire lâcher prise à notre souffrance. Et l'on repart alors pour un nouveau tour de manège, à chercher à contrôler notre expérience intérieure - avec les résultats prévisibles que notre expérience connait déjà.
En Thérapie d'Acceptation et d'Engagement nous invitons souvent nos patients à observer ce que leur intelligence fait de l'idée de l'acceptation. Et nous disons volontiers que si l'acceptation apparait clairement comme la solution à leur souffrance, alors ça n'est pas ça qu'est l'acceptation.
L'acceptation ne peut se comprendre comme on comprendrait une idée - elle ne peut que se 'saisir' comme on saisit comment on fait pour pédaler ou comment nager.
Accepter, lâcher-prise, c'est une action, non une pensée ou un sentiment.
Comme nager et pédaler, ça n'est pas quelque chose auquel on peut se 'convertir' un jour d'illumination, c'est un apprentissage qui passe par un entrainement progressif et délibéré.
Ce n'est ni en en parlant ni en lisant mais seulement dans l'action de faire de la place à tout ce que nous ressentons - afin de pouvoir avancer - que nous pouvons saisir si cette approche peut marcher pour nous.

Et c'est à la seule lumière de notre expérience, et non de notre intelligence, que nous pouvons en juger.

Benjamin Schoendorff
(image Rémi Schoendorff)

dimanche 18 octobre 2009

Rater le métro en pleine conscience

La pleine conscience, ça ne veut pas nécessairement dire pratiquer la méditation formelle, assis sur un coussin. Elle peut tout aussi bien se cultiver à chaque instant, dans les situations les plus quotidiennes. Jonathan Kaplan, Ph.D. a fondé le site Urban Mindfulness dans le but de présenter des exercices de pleine conscience adaptés à la vie citadine.
J’ai souvent raté le bus ou le métro, alors l’exercice qui suit m’a particulièrement parlé.

Votre métro arrive. Vous l’entendez depuis l'escalator. Vous vous mettez à courir. C'est la course dans le couloir, et dans les escaliers. Vous arrivez enfin sur le quai et le métro y est encore ! Mais voilà que l’alarme retentit, et que les portes se ferment au moment même où vous arrivez à leur hauteur! La rame s'ébranle lentement et vous, vous restez, essoufflé(e) sur le bord du quai. Et à présent que faites-vous ?
Vous voulez crier, maudire ou même cogner la rame qui démarre (ça vous fera du bien !). Et si au lieu de vous laissez emporter, vous en profitiez pour faire un petit exercice de pleine conscience ?
  1. Votre cœur bat plus vite d’avoir couru. Marchez quelques pas le long du quai en observant votre respiration. Gardez la tête droite et regardez droit devant vous.
  2. Ralentissez graduellement le rythme de vos pas et portez votre attention sur les sensations de contact de vos pieds avec le quai.
  3. Tout en ralentissant, et sans incliner la tête, laissez votre regard se poser sur le sol.
  4. Une fois arrêté, pivotez jusqu’à faire face au quai (tout en préservant votre distance de sécurité!).
  5. Très lentement faites passer votre poids d’une jambe sur l’autre et observez le changement des sensations dans chaque jambe.
  6. Ralentissez progressivement le mouvement jusqu’à vous retrouver posé debout sur vos deux jambes et observez les sensations de contact avec le sol.
  7. Observez votre respiration et les sensations de mouvement dans votre poitrine et/ou votre ventre.
  8. Apercevez-vous poindre une envie de vous pencher pour voir si le prochain métro arrive ? Observez ce que cette envie vous fait, sans vous pencher. Si vous apercevez que votre attention dérive, c’est tout à fait normal. Notez ce vers quoi elle a été aspirée et ramenez la avec douceur à votre respiration.
  9. Quand vous entendez la rame suivante approcher, observez la texture des sons qu’elle produit, sentez le mouvement de l’air qui balaye le quai. Ne tournez pas la tête, mais ramenez votre attention à votre respiration.
  10. Quand les portes s’ouvrent, entrez dans le métro et continuez votre voyage.
Adapté de Jonathan Kaplan par Benjamin Schoendorff (image Belzebuth Deviant Art)

lundi 12 octobre 2009

Ralentir pour aller plus vite

Qui prend son temps n’en manque jamais.
Cette citation de Mikhaïl Boulgakov est importante pour les thérapeutes soucieux d'offrir les thérapies les plus brèves possibles.
En ralentissant, en prenant le temps d'observer dans les plus infimes détail tous les aspects de l'expérience et du vécu - non pas de manière générale, mais en se concentrant sur tout ce qui se présente autour des situations difficiles - on entraine déjà une autre façon de vivre avec la souffrance.
En apportant un esprit d'ouverture et de curiosité à cette exploration, on se prémunit contre les ruminations délétères et on fait l'apprentissage d'une autre façon plus douce moins précipitée d'interagir avec la souffrance, celle de nos clients tout autant que celle que nous ressentons à les voir lutter sans résultats.
C'est donc en ralentissant que l'on se donne la chance d'avancer le plus vite.
Benjamin Schoendorff (image Rémi Schoendorff)

dimanche 11 octobre 2009

Saisir à travers l'expérience plutôt que comprendre par l'intelligence

Au cours de la formation à la Thérapie d'Acceptation et d'Engagement (ACT) que mon amie Jana Grand et moi-même avons animé pendant ces trois derniers jours, j'ai pu observer, une fois une idée, un principe ou une technique exposée, que mon esprit se laissait souvent accrocher par le besoin d'expliquer et de débattre.
Mon intelligence me pressait d'acheter cette pensée qu'elle me vendait qu'il fallait absolument expliquer, expliquer, expliquer jusqu'à ce que les questions des participants soient épuisées.
Cependant, ce que mon expérience me montrait, c'était que chaque fois que j'achetais cette pensée et me lançais dans des explications, ou pire encore dans des débats, loin d'éclairer mon interlocuteur ou les autres participants, je m'enfonçais et me repliais.
C'est seulement en saisissant ce processus au vol que j'ai pu faire un peu de place à mon envie d'expliquer et de convaincre, sans pour autant m'en faire l'instrument - et choisir de faire saisir, par l'expérience, souvent au moyen d'un petit jeu de rôle ou au moyen d'un exercice, ce vers quoi mes mots visaient à attirer l'attention des participants à l'atelier. Et plus d'une fois, comme magiquement, le ou la participante disait alors : "Ah ça y est, je saisis de quoi il s'agit!"
Notre intelligence est souvent impuissante à saisir de nombreux processus de l'ACT. Devant son impuissance, elle va se rebeller et vouloir argumenter, débattre, voire même rejeter ce qu'elle ne peut saisir. Souvent pourtant, et d'une manière dont les mots ne peuvent rendre la profondeur, notre expérience peut aisément saisir la 'vérité' des processus de l'ACT. Cette 'vérité' ne prétend pas révéler la 'vraie' nature des chose ou du monde, mais tout simplement nous permettre de reconnaitre, à la lumière de notre expérience, une approche susceptible de mieux fonctionner pour avancer. C'est une 'vérité' pragmatique, fondée dans l'expérience.
Ne pas rester coincé sur des débats d'idées et au niveau intellectuel nous a permis d'avancer dans notre atelier, c'est l'incarnation de la 'vérité' de l'ACT.
Dans un note manuscrite sur une des fiches de feedback des participants, j'ai eu la joie de lire : J'avais lu le livre et pour confirmer l'idée que l'expérience est le meilleur moyen d'intégrer les choses, j'ai (évidemment) plus appris en expérimentant l'ACT au cours de la formation qu'en lisant le livre.
Ce n'est pas en lisant un livre que l'on peut saisir l'ACT - pas plus que ce n'est au travers d'explication magistrales ou de brillantes démonstrations intellectuelles - c'est n'est qu'en en faisant l'expérience directe en explorant dans sa propre vie les exercices que propose ce livre.
Benjamin Schoendorff (image Rémi Schoendorff)

mercredi 30 septembre 2009

Ce que la vie chuchote sous les cris de la souffrance

Quand l’acceptation n’est plus simplement tolérer nos émotions difficiles, quand elle devient intérêt véritable pour la totalité de notre expérience intérieure, et consentement profond à laisser la vie nous prodiguer tous ses enseignements, la fonction de nos émotions, de nos pensées et de nos souvenirs change alors radicalement.
Les émotions sont des échos de notre passé. Elles sont porteuses de sens, mais d’un sens qui est chuchoté, et qui est souvent recouvert par les cris de nos envies de leur résister et de nos jugements. Ce vacarme est tel qu’il nous empêche d’apprendre.
En observant nos envies et nos jugements sans nous y soumettre, nous nous donnons une chance de reconnaître qu’ils sont des productions automatiques de notre esprit sur lesquelles nous n’avons pas prise. Regardez si vous pouvez adopter une attitude d’ouverture et d’intérêt pour toutes les émotions qui se présentent - non dans l’espoir secret de les voir retomber ou se transformer, observez les plutôt comme vous observeriez des vagues qui vont et qui viennent. Où se manifestent-elles dans votre corps ? Quelles pensées, images ou jugements se présentent avec elles ? Quelles envies ou ‘besoins’ montent alors en vous ? Que voyez-vous autour de vous ? Quel impact ont-elles sur vos relations ?
Puis regardez si vous pouvez les ‘retourner’ et voir ce qui se trouve de l’autre côté. Quelles valeurs les sous-tendent ? Ce qui n’a pas d’importance pour nous ne peut nous faire souffrir. Qu’est-ce qui devrait ne plus avoir d’importance pour vous pour que telle émotion ne vous fasse plus souffrir ? Suivez la piste de votre douleur comme on retrace son chemin à l’aide de petits cailloux. Y trouvez-vous de vieux souvenirs, de vielles blessures, d’anciennes aspirations ? Il y a beaucoup à apprendre.
En choisissant d’adopter cette position, même les émotions douloureuses deviennent nos alliées – et ce serait une perte incalculable de les repousser artificiellement. Un peu comme si nous choisissions de ‘résoudre’ le problème d’être témoin de la misère et de la discrimination en nous crevant les yeux et les tympans. Ça ‘marcherait’ peut-être, mais au prix de notre capacité à nous soucier du sort de notre prochain. Le coût en serait si élevé que la ‘cure’ serait pire que la douleur que nous cherchions à éliminer.
Avec notre souffrance c’est pareil, à la différence près que nous ne savons pas de quoi elle nous parle. Cela seule la vie qui peut nous l’apprendre – et elle nous l’apprend en chuchotant plutôt qu’en criant.
Steven C. Hayes (Traduction et adaptation Benjamin Schoendorff; image Rémi Schoendorff)

lundi 28 septembre 2009

Chercher à se faire rasssurer ?

Dans le message que j’ai posté hier, Steven Hayes proposait un exercice permettant d’avancer avec sa peur d’être jugé. Dans la discussion sur la liste ACT for the public qui avait suivi sa suggestion, la contribution de Joanne Steinwachs, autre thérapeute ACT m’a semblé intéressante car elle illustre un principe important de le Thérapie d’Acceptation et d’Engagement. Ce principe c’est que ce n’est pas la forme de ce que l’on fait - en l’occurrence les mots que l’on dit aux autres - qui importe, mais la manière dont cela fonctionne pour soi et dans sa vie, c’est à dire ce que nous appelons la fonction du comportement.
Je voudrais qualifier ce qu’a écrit Steven Hayes. Dans le dialogue que vous engagez après avoir expérimenté un nouveau comportement, préparez-vous à toute sorte de résultat et à observer sans jugement tout ce qui vous vient.
Par exemple, même si vous avez dit clairement à votre ami(e) que vous ne vouliez pas être rassuré(e), vous pourrez peut-être apercevoir que vous cherchez quand même à vous faire rassurer. Ou simplement êtes en quête d’un signe que votre ami(e) vous a compris. Mais il est tout aussi possible qu’il(elle) ne ‘comprenne’ pas – après tout, tout le monde ne parle pas de cette façon ! Alors soyez aussi prêt(e) à ça. Trop en dire aux autres peut également les pousser à chercher à vous rassurer. Préparez-vous simplement à observer avec compassion toutes ces choses vous venir à l'esprit. Souvenez-vous quand vous choisissez de vous exposer à une de vos peurs que vous avez une large palette de choix de ce que vous pouvez dire aux autres – y compris le choix d’en dire très peu ou même rien du tout.
Puis observez simplement votre esprit et ce qui vous vient. Parfois il peut même être plus utile de donner le minimum d’explication, de rester dans l’ambigüité et de faire un peu de place à la peur de ‘ce qu’ils vont penser’ – surtout si vous avez tendance à trop vous expliquer aux autres, si c’est là une de vos façons d’éviter, ou si vous cherchez activement que les autres vous rassurent. Regardez votre esprit qui cherche à se faire rassurer, observez votre envie de convaincre l’autre (que vous faites quelque chose de raisonnable, de compréhensible, d’acceptable…). Si ce que vous faites ensuite est de vous soumettre à ce que votre esprit vous impose, regardez si vous pouvez recontacter votre véritable objectif, votre valeur, être fidèle à vous même.
Ce travail commence par un choix personnel d’avancer. Il ne s’agit pas de se mettre en mode confessionnal, comme dans certains groupes de développement personnel où ‘tout’ révéler de soi permet de se sentir intégré.
Fiez-vous plutôt à votre propre expérience et à ce qui fonctionne pour vous à la lumière de votre expérience. Soyez flexibles, curieux et ouvert et continuez à observer tout ce qui se présente à vous.
Joanne Steinwachs (traduction et adaptation Benjamin Schoendorff; image Rémi Schoendorff)

La peur d’être jugé

Une particularité de nos obstacles psychologiques, c’est qu’ils cherchent tous à nous convaincre qu’ils sont des obstacles réels et insurmontables. Ces obstacles sont bien réels. Et il n’y a pas besoin de les surmonter pour avancer.
Un obstacle souvent rencontré est la peur d’être jugé. Cette peur est parfois si intense qu’elle peut nous rendre muets et faire que nous nous isolons, même quand nous sommes entourés. Cette peur vient rarement seule. Avec elle viennent la gêne, la honte, l’envie de fuir, et mille pensées qui se collent à nous et nous condamnent.
Devrions-nous nous rassurer ou nous faire rassurer ? Mais notre esprit ne connait pas de repos et il ne sera pas rassasié par de simples assurances que nous ne sommes pas jugés. Il en voudra sans cesse plus, et celles qu’il obtiendra perdront vite de leur efficacité. Steven Hayes, l'initiateur de la Thérapie d’Acceptation et d’Engagement propose une autre voie :
Recevoir des assurances – des autres ou de vous-même - que vous n’êtes pas jugé ne va pas vous aider. Vous n’avez pas non plus à conclure que vous êtes jugé… Ce qui peut vous être bien plus utile c’est d’apprendre à vivre à l’intérieur de cette ambigüité. Ça veut dire laisser votre esprit exiger de savoir si vous êtes ou non jugé…
Essayez de trouver des opportunités de révéler un peu plus de vous. Par exemple vous pouvez dire à un(e) ami(e)quelque chose que vous ne diriez pas habituellement puis lui dire qu’habituellement vous ne diriez une telle chose car vous avez peur du jugement des autres et que du coup vous vous cachez et vous sentez isolé. Mais que vous vous êtes rendu compte que plus vous essayez de contrôler la façon dont les autres vous perçoivent, plus il vous est difficile d’être vous-même avec les personnes qui comptent pour vous. Vous pouvez alors dire que vous avez choisi de sortir de votre coquille et de regarder ce qu’il advenait du souci que votre esprit se fait de ces jugements. Dites enfin que vous ne dites pas cela pour qu’on vous rassure, mais simplement pour faire savoir à votre ami(e) que cela avait été un obstacle pour vous et que vous avez choisi d’avancer.
Puis prenez un peu de temps pour observer de près comment vont et viennent votre peur, les jugements sur vous-même et votre honte ; et accueillez tout cela avec attention et compassion pour vous-même.
Un des enseignements de l’ACT est que nous pouvons nous éloigner du champ de bataille qu’est notre esprit – sans plus chercher à ce que les ‘bons’ gagnent ni même à mettre un terme à la bataille. Nous pouvons simplement laisser notre esprit faire ce qu’il fait (comparer, juger, évaluer, condamner, spéculer, batailler, etc.…) comme il le fait et choisir d’avancer – avec douceur et bienveillance.
Benjamin Schoendorff (image Rémi Schoendorff)