lundi 28 septembre 2009

La peur d’être jugé

Une particularité de nos obstacles psychologiques, c’est qu’ils cherchent tous à nous convaincre qu’ils sont des obstacles réels et insurmontables. Ces obstacles sont bien réels. Et il n’y a pas besoin de les surmonter pour avancer.
Un obstacle souvent rencontré est la peur d’être jugé. Cette peur est parfois si intense qu’elle peut nous rendre muets et faire que nous nous isolons, même quand nous sommes entourés. Cette peur vient rarement seule. Avec elle viennent la gêne, la honte, l’envie de fuir, et mille pensées qui se collent à nous et nous condamnent.
Devrions-nous nous rassurer ou nous faire rassurer ? Mais notre esprit ne connait pas de repos et il ne sera pas rassasié par de simples assurances que nous ne sommes pas jugés. Il en voudra sans cesse plus, et celles qu’il obtiendra perdront vite de leur efficacité. Steven Hayes, l'initiateur de la Thérapie d’Acceptation et d’Engagement propose une autre voie :
Recevoir des assurances – des autres ou de vous-même - que vous n’êtes pas jugé ne va pas vous aider. Vous n’avez pas non plus à conclure que vous êtes jugé… Ce qui peut vous être bien plus utile c’est d’apprendre à vivre à l’intérieur de cette ambigüité. Ça veut dire laisser votre esprit exiger de savoir si vous êtes ou non jugé…
Essayez de trouver des opportunités de révéler un peu plus de vous. Par exemple vous pouvez dire à un(e) ami(e)quelque chose que vous ne diriez pas habituellement puis lui dire qu’habituellement vous ne diriez une telle chose car vous avez peur du jugement des autres et que du coup vous vous cachez et vous sentez isolé. Mais que vous vous êtes rendu compte que plus vous essayez de contrôler la façon dont les autres vous perçoivent, plus il vous est difficile d’être vous-même avec les personnes qui comptent pour vous. Vous pouvez alors dire que vous avez choisi de sortir de votre coquille et de regarder ce qu’il advenait du souci que votre esprit se fait de ces jugements. Dites enfin que vous ne dites pas cela pour qu’on vous rassure, mais simplement pour faire savoir à votre ami(e) que cela avait été un obstacle pour vous et que vous avez choisi d’avancer.
Puis prenez un peu de temps pour observer de près comment vont et viennent votre peur, les jugements sur vous-même et votre honte ; et accueillez tout cela avec attention et compassion pour vous-même.
Un des enseignements de l’ACT est que nous pouvons nous éloigner du champ de bataille qu’est notre esprit – sans plus chercher à ce que les ‘bons’ gagnent ni même à mettre un terme à la bataille. Nous pouvons simplement laisser notre esprit faire ce qu’il fait (comparer, juger, évaluer, condamner, spéculer, batailler, etc.…) comme il le fait et choisir d’avancer – avec douceur et bienveillance.
Benjamin Schoendorff (image Rémi Schoendorff)

1 commentaire:

Maxime Beauchamp a dit…
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