Sur la liste de discussion internationale où le public débat des livres de bibliothérapie ACT, une personne qui a beaucoup lutté contre l’anxiété a posté récemment un concentré de ce que lui ont apporté l’ACT et la lecture de ces ouvrages. Je lui ai demandé la permission de reproduire son message ici quasiment verbatim.
Parfois je me suis senti bien pendant de longues périodes, pour finalement toujours voir l’anxiété revenir, et constater qu’elle ne répondait pas à mes tentatives de m’en débarrasser. La phrase la plus importante ici est mes 'tentatives de m’en débarrasser'. Je sais que bien que je continuais à mener à bien mes activités quotidiennes, je le faisais en continuant à ressentir ce que je ressentais, et en continuant à essayer de repousser ce que je ressentais. Et chaque fois que vous essayez de repousser ce que vous ressentez, c’est de l’évitement expérientiel, c’est à dire la pathologie qui est au cœur des troubles anxieux. Il est très important de reconnaître ce fonctionnement mental pour ce qu’il est. Dans ces situations, il m’a été très utile de clarifier ce que je peux et ce que je ne peux pas contrôler, et les choses que je peux choisir. Les citations suivantes que j’ai tirées de différents ouvrages sur l’ACT m’ont été très utiles :
- Dans son essence, la pratique est toujours la même, plutôt que devenir la proie d’une réaction en chaine de haine de soi, nous apprenons graduellement à saisir la réaction émotionnelle et à lâcher les scénarios.
- La vie est un choix. L’anxiété n’est pas un choix. Où que vous alliez, vous aurez des problèmes et ressentirez de la douleur. Donc votre choix n’est pas de ressentir de l’anxiété ou non. Votre choix est de vivre une vie qui ait du sens ou non.
- Vous choisissez un chemin, une direction et non un résultat immédiat. Vous ne choisissez pas ce que vous allez ressentir ou ce qui va se présenter à votre esprit. Vous pouvez choisir une voie qui vous fait avancer vers ce à quoi vous donnez de la valeur, ou vous pouvez choisir l’évitement ou la fusion (1). C’est votre choix.
- Etre d’accord, consentir est une habileté que vous pouvez apprendre. Ça demande de la pratique et de la patience. Mais vous pouvez l’apprendre.
- Parce ce que nous ne contrôlons pas nos ressentis ou nos pensées, notre tâche n’est pas de nous en soucier. Si nous ne luttons pas avec eux, ils vont et viennent selon leur bon vouloir. En revanche, nous pouvons nous focaliser sur ce que nous pouvons contrôler. Nous pouvons choisir ce à quoi nous prêtons attention, comment nous prêtons attention. Choisir consentir ou lutter ? Choisir d'être prêt(e) à avancer avec nos pensées et nos ressentis - Oui ou Non? Sommes-nous prêt à les laisser faire ce qu’ils veulent sans essayer ni de les repousser ni de les retenir ? Oui ou Non? Sommes-nous prêt à ‘sauter’ ? Oui ou Non? Sommes-nous prêt à aimer ? Oui ou Non?Choisir ce que nous faisons.
- Plutôt que renier la douleur, vous pouvez apprendre à la reconnaître, et la laisser être comme elle est (un ressenti désagréable temporaire), plutôt que comme votre intelligence vous dit qu’elle est (quelque chose de mauvais, d’horrible et de solide), et observer avec douceur et sans jugement cette expérience. Quand vous faites cela, il n’y a plus rien contre quoi vous battre, plus rien à éliminer. Plus rien à réparer. Plus rien à résoudre. Aucune de ces choses n'est solide. Vous n'avez aucun besoin d’être autre chose que ce dont vous êtes en train de faire l’expérience. La force de cette perespective est qu'elle élimine la souffrance de l’anxiété et de la peur.
- Il y a une chose essentielle à comprendre. La peur vous gardera prisonnier aussi longtemps que vous refuserez d’être d’accord pour la ressentir, la toucher et la laisser faire. La vie est parfois douloureuse. Et quand nous faisons des pas en direction de choses qui sont importantes pour nous, nous prenons souvent le risque de faire l’expérience de quelque chose que nous préférerions ne pas ressentir – blessure, regret, tristesse, perte, colère, abandon, anxiété, peur, remords. Si nous fonctionnons dans la perspective que notre douleur est quelque chose que nous ne devons pas avoir, le piège est armé. Dans cet instant, la douleur se transforme et devient alors un problème à résoudre - comme tous les autres problèmes qui doivent être résolus. Pourtant, nous ne pouvons résoudre le problème de notre propre douleur. Tous ces efforts pour dominer notre anxiété peuvent nous faire perdre le sens de notre vie en un éclair.
Steven C. Hayes, University of Nevada (traduction et adaptation Benjamin Schoendorff, image Rémi Schoendorff)
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