lundi 28 décembre 2009

Un poème pour l'année nouvelle

Un client dont le courage à avancer avec sa souffrance me touche profondément m'a envoyé ce beau texte en réponse à ma carte de vœux.
Je choisis de le partager avec vous, en vous souhaitant à tous et toutes lecteurs et lectrices de ce blog une nouvelle année remplie de joie, d'engagement, de douceur, d'actions en direction de vos valeurs, de courage et d'amour.
Benjamin

La vraie joie prend par surprise.
Elle surgit moins de ce que l'on prévoit
Que la réponse que l'on offre à ce qui arrive.

Aux matins pluvieux comme aux matins heureux,
Aux heures tragiques comme aux heurs magiques,
Il n'y a d'autre bonheur que celui de répondre présent.

Alors vient le souffle de rester debout
Et cette douceur du lointain quand on ouvre les mains
Pour accueillir ce qui aujourd'hui sera pain.


Francine Carrillo
(image Rémi Schoendorff)

samedi 19 décembre 2009

Acceptation, Engagement et addictions


Mon ami Mark Webster utilise la Thérapie d'Acceptation et d'Engagement en Angleterre pour accompagner des personnes luttant contre des addictions aux produits psychoactifs (opiacés, ainsi que multi-addictions opiacés-stimulants, alcool, etc.) sur le chemin d'une vie enfin en accord avec leurs valeurs.
Il vient de créer un blog que je recommande à tous mes lecteurs anglophones: http://actinaddiction.wordpress.com/
Ce travail sur les addictions me parle singulièrement car il se connecte avec mon expérience personnelle d'avoir, avant même de connaitre l'ACT, fait un choix basé sur mes valeurs et qui m'a permis d'en finir avec les opiacés.
De fait, si l'on prend comme seul objectif l'arrêt de la consommation, on se condamne presque surement à l'échec.
Un des pionniers de la thérapie comportementale, Ogg Lindsey, ancien élève de B.F.Skinner a d'ailleurs édicté le principe de l'homme mort: Si une personne morte peut mieux atteindre le but que votre client, alors ce n'est pas un objectif de thérapie comportementale.
Ne plus consommer tel ou tel produit est un objectif que tout mort peut atteindre parfaitement, et ce n'est donc pas un objectif de vie.
Plus profondément, le choix de la vie, des valeurs est la plus solide motivation que l'on peut contacter afin de prendre le risque de faire face à tout ce que la vie nous envoie sans recourir à notre produit d'élection.
Car il ne faut pas se leurrer, les drogues (et l'alcool), ça marche - ça marche très bien même - pour ne pas avoir peur des autres, pour se sentir intéressant, intelligent, spirituel, inspiré, aimé, pour faire face à des situations et des personnes inquiétantes, pour s'évader... Les utilités des produits psychoactifs sont multiples et d'une efficacité considérable.
A court terme...
A long terme, les problèmes évités et masqués par le produit reviennent sans cesse plus pressants et plus nombreux...
Et les actions nous permettant d'incarner la personne que nous voudrions vraiment être rabougrissent jusqu'à parfois disparaitre totalement...
Viennent alors le dégout, la haine de soi, que seul le produit peut apaiser.
Le pari de l'ACT c'est qu'en se reconnectant avec ce qui est vraiment important dans la vie, c'est à dire nos valeurs, il devient possible d'identifier, ici et maintenant des actions qui nous permettent d'incarner ces valeurs - et que seul ce contact avec nos valeurs peut donner sa dignité à la perte et au deuil de la relation avec cet ami fidèle qui ne nous a jamais refusé un petit coup de pouce immédiat, notre drogue d'addiction.

Benjamin Schoendorff
(image Rémi Schoendorff)

mercredi 16 décembre 2009

Mes addictions


Je crois que ma plus ancienne addiction est à la solitude et à l'isolement.
Quand, adolescent, j'ai découvert les drogues opiacées, celles-ci m'ont apporté un sentiment de chaleur dans la poitrine et le ventre que je pensais analogue à ce que l'amour devait apporter.
Avec ces consommations s'est renforcée une deuxième addiction, plus délétère et plus durable encore, l'addiction à la procrastination.
Il y a 7 ans, j 'ai choisi de faire face à tout ce que la vie me présenterait sans recourir aux drogues. J'ai vite découvert qu'en matière de relation à l'autre je ne savais pas faire grand chose.
Alors j'ai choisi d'apprendre.
Puis je me suis engagé en psychologie. Je m'y suis engagé pour une seule raison, me rendre utile, c'est à dire apprendre à aimer.
En découvrant la psychologie fonctionnelle j'en suis venu à m'intéresser non pas à la 'réalité' des problèmes, pensées, émotions, obstacles, etc, mais bien plus à leur fonction, c'est à dire leur effets, leurs conséquences.
Et c'est ainsi que j'ai pu voir la fonction de mes comportements addictifs: éviter d'entrer de plein pied dans la vie, c'est à dire dans l'amour.
Et, pour moi, dans ma vie, la forme chimiquement pure de cet évitement, c'était la procrastination, qui me gardait comme à l'orée de ma vie, sur le pas de porte d'une vie dans laquelle il sera toujours temps de s'engager, mais, comme l'implorait Saint Augustin, 's'il te plait, mon Dieu, pas tout de suite'!
Aujourd'hui je célèbre deux semaines d'arrêt de la procrastination.
Enfin je savoure pleinement la vie, l'action, l'amour, le courage - et surtout le repos.

Benjamin Schoendorff
(image Rémi Schoendorff)

jeudi 3 décembre 2009

Parler aux jeunes des valeurs

Un message de mon cher ami Hank Robb sur la liste de discussion ACT qui résonne particulièrement avec mon expérience personnelle du moment et que je choisis de partager avec vous.

Petites pensées sur les jeunes et les valeurs.

Tu sais, si tu veux être le style de pianiste que tu veux être, alors tu pratique ce style de piano. Si tu veux être un footballer d'un style donné, alors tu pratique ce style de football. La même chose est vrai pour toi et le type de personne que tu veux être. Maybe a little thought about values and younger people. Tu pratique agir comme cette personne. Et à la fin de chaque journée tu peux te demander : Est-ce qu'aujourd'hui j'ai pratiqué le style de la personne que je veux être?' Si la réponse est 'oui', alors super! Si c'est 'non', alors demain tu peux choisir de changer, de faire quelque chose d'un peu différent. Tu peux t'entrainer à faire le genre de choses qui correspondent à la personne que tu voudrais être. Et plus tu pratiqueras, plus tu seras cette personne.

Hank Robb. (traduction et adaptation Benjamin Schoendorff
; image Rémi Schoendorff)