lundi 4 mai 2009

Le témoignage ci-dessous est une traduction d’une contribution à la liste de discussion anglophone ACT for the Public (Act pour le Public) où s’expriment des personnes qui sont entrées en contact avec le modèle d’Acceptation et d’Engagement pour faire face à leur souffrance.

Je lutte contre un trouble anxieux depuis que je suis adulte. J'ai aujourd’hui atteint l’âge mûr. J’ai fait des thérapies, lu toute sorte d’ouvrages de bibliothérapie, et pendant environ dix ans, j’ai réussi (dans l’ensemble) à échapper aux attaques d’anxiétés si redoutées.
Et puis l’année dernière, une série de situations personnelles ont conduit à une résurgence de mon anxiété.
Par bien des aspects, mon anxiété est plus importante aujourd’hui qu’elle ne l’a jamais été, avec la différence importante que je suis aujourd’hui consciente de mon anxiété, ce qui fait que je suis plus à même de lui faire face que quand elle a commencé à se manifester à la fin de mon adolescence.
Mais avec cette résurgence, les vieux outils ne fonctionnaient plus.
Il y a de cela six mois, un bon cyber-ami m’a présenté l’ACT et recommandé la lecture de
Get Out Of Your Mind and into Your Life de Steven Hayes.
J’apprécie tout particulièrement le fait que l’ACT me permette de reconnaître que mon anxiété existe plutôt que de chercher à la minimiser ou la nier. A chaque fois que j’ai essayé de la minimiser, quand elle revenait, je vivais ça comme un nouvel échec. J’apprécie que l’ACT me permette de reconnaître que, oui, ma vie est parfois très douloureuse. Depuis que j’ai commencé à me permettre de reconnaître et d’accepter ma souffrance, et alors même que je continue à faire face à de nombreux défis, je suis en mesure de voir plus souvent la face positive de la pièce. C’est drôle comment ça fonctionne !
(Traduction et adaptation
Benjamin Schoendorff - image Rémi Schoendorff)

vendredi 1 mai 2009

En dire trop ou pas assez?

En dire trop ou pas assez?
Je me suis posée 10 000 fois cette question. L'histoire de mes patients fait parfois écho à la mienne. Ceux-ci me disent se sentir anormaux, différents, donc exclus... Mon envie était de leur dire: " je suis passée par là et j'en passe encore parfois par là, c'est humain".
Ma formation à l'université m'a interdit de dévoiler quoi que ce soit de moi... Lorsque j'étais psycho-dynamicienne je m'inhibais et n'éprouvais aucune satisfaction professionnelle... sauf quand je n'écoutais plus la voix des maîtres et me lâchais - mais là c'était la culpabilité qui me harcelait!
Bref, j'ai décidé d'en sortir. La Thérapie Comportementale et Cognitive m'a permis de m'autoriser à être moi-même, ne plus me cacher. Une discussion avec Jeffrey Young, fondateur de la Thérapie des Schémas au congrès Afforthecc m'a déculpabilisée et m'a ouverte sur le droit d'exprimer ce que j'étais comme personne. Il a fait référence à une chanson de Brel "Le garçon de café" et m'a dit: Il ne doit pas "faire" le garçon de café mais "être" un garçon de café. Plus vous serez vous, plus ça fonctionnera.
Depuis ce jour, je suis Moi quand je suis thérapeute. La cerise sur le gâteau ça a été l'atelier expérientiel de ACT de Philippe Vuille et Sandra Georgescu : l'accès à une entière liberté d'être!
Souvent lorsque je parle de mon expérience ou de mon ressenti à mes patients (toujours en contexte bien sûr et je ne m'étends pas), je leur demande ce qu'ils ont ressenti quand j'ai parlé de moi: tous me disent moins de culpabilité et plus de normalité.
En fin de thérapie quand nous faisons le bilan, bon nombre de patients me disent que ce qui était marquant dans la relation c'est qu'ils avaient l'impression d'être face à un ami mais un ami qui avait les outils pour l'aider. C'est un magnifique compliment pour moi. Je ne suis pas leur amie mais je me comporte comme telle: bienveillance, chaleur... et professionnalisme.
Donc ma position est qu'il peut même être bénéfique que le thérapeute se dévoile, n'oublions pas les théories de l'apprentissage par imitation...
Stéphanie Bertholon
Dans ce texte que Stéphanie m'a envoyé par mail (et qu'elle m'a autorisé à publier), j'ai été particulièrement touché par ce qu'elle a écrit sur les moments où elle parle en 'temps réel' de la relation thérapeutique avec ses patients. Stéphanie, lui ai-je demandé, as-tu remarqué l’intensité de présence et de connexion dans ces moments-là ?
Il existe une approche théorique et pratique, la Functional Analytic Psychotherapy – FAP qui est toute entière basée sur l’idée que c’est à l’intérieur de la relation thérapeutique que nous avons le plus de chances de façonner, par le renforcement contingent, des comportements plus fonctionnels chez nos clients - et également chez nous les thérapeutes.
Dans cette approche - que certains appellent le comportementalisme basé sur le transfert! - on observe les comportements des clients (et les notres) sous l’angle de la possible reproduction d’une difficulté existant à l’extérieur du cabinet de consultation. Quand c’est le cas, se présente alors une opportunité de façonner dans l’ici et maintenant un comportement alternatif.
Bien entendu cela marche d’autant mieux que les renforçateurs sont naturels plutôt qu’arbitraires, c'est à dire que le client a des chances d'être renforcé de manière similaire dans son environnement naturel. Et un renforçateur naturel a plus de chance d’être émis depuis une position d’authenticité que de ‘technique’. Notre travail - et il est difficile - consiste alors à identifier ce qui constitue un renforçateur naturel pour nos clients – et qui va dépendre de leur histoire d’apprentissage personnelle - et à être le plus authentique possible à l'intérieur de la relation thérapeutique.
Benjamin Schoendorff (image Rémi Schoendorff)